On dit souvent que la France est le pays aux mille fromages. Elle est aussi assurément celui de milliers de cépages. Des vignobles qui offrent une immense diversité, des grands crus aux vins de table, des vins tout simples sans indication géographique à ceux qui bénéficient d’une indication géographique ou d’une appellation d’origine protégées, des vins qui renaissent en faible quantité grâce à la passion de petits producteurs indépendants aux vins qui n’ont cessé de s’améliorer au fil des ans grâce au travail remarquable de coopératives qui sont nombreuses dans notre région, des vins qui rayonnent autour de leur vignoble et jusqu’au bout du monde.
Cette extraordinaire diversité qui fait toujours la réputation et la fierté de la France rend forcément difficile de tirer un bilan uniforme d’une année écoulée, particulièrement celle si particulière que nous avons vécue avec toutes les conséquences de l’épidémie de Covid sur la consommation, l’export et l’import.
La fermeture des frontières et donc d’importants débouchés, les confinements et les restrictions sanitaires qui ont parfois compliqué la vente d’alcool ou l’ont au contraire accélérée pour certains vins vendus dans la grande distribution : la viticulture française sort à tout le moins chamboulée de l’année Covid avec de fortes disparités entre producteurs qui justifient pleinement les aides consenties par l’Etat ou les collectivités à une filière qui compte pour la France. D’autant plus que cette filière était déjà aux prises, avant le Covid, à d’autres difficultés comme la surtaxation à l’importation de vins français par les Etats-Unis, ou encore le débat sur l’usage de pesticides.
Au-delà, la filière va devoir aussi faire face à un danger encore plus important avec le réchauffement climatique. La hausse quasi-inéluctable des températures va bouleverser les pratiques : floraison et vendanges plus précoces, augmentation du niveau alcoolique, difficulté à irriguer en raison de la multiplication des sécheresses sont autant de défis qu’il va falloir relever pour que le vin français porte encore haut nos savoir-faire et notre patrimoine gastronomique.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 27 mars 2021)