Accéder au contenu principal

Un train d’avance

 

Il y a entre les Français et le train une très longue histoire. Des cheminots-résistants magnifiés par le film de René Clément "La bataille du rail" aux ingénieurs qui inventèrent le TGV qui vient de fêter ses 40 ans ; des Micheline rouges qui reliaient les préfectures de province aux trains de nuit Corail qui sillonnaient le pays vers la capitale ; des TER qui convoient tous les jours en régions étudiants et travailleurs aux RER franciliens qui irriguent le Grand Paris, chaque Français a, d’évidence, une histoire personnelle avec le train. Une histoire où se mêle la passion des mécaniques et des voyages pour les uns, l’agacement aussi face aux retards et dysfonctionnements de la SNCF pour les autres, la colère au goût de grève parfois et la fierté sans faille toujours des femmes et des hommes qui font rouler les trains.

train

À l’heure où la lutte contre le réchauffement climatique et les émissions de CO2 impose de revoir nos modes de transports ou d’en imaginer d’autres, à l’heure où la baisse historique du trafic aérien en raison de l’épidémie de Covid-19 nous invite à revoir nos choix de moyens de déplacement, à l’heure où le maillage des territoires n’a jamais été autant une demande des populations, il n’est pas étonnant que le projet de Railcoop ait rencontré le succès. Profitant de la fin du monopole de la SNCF sur le transport intérieur de voyageurs et l’ouverture à la concurrence, la jeune société coopérative lotoise va pouvoir mener d’ici quelques mois des projets d’ouverture de nouvelles lignes. Des lignes comme des chemins de traverses, des itinéraires délaissés par la SNCF mais qui trouvent une pertinence auprès des populations des territoires concernés où se battent parfois depuis des années des collectifs pour conserver leur ligne ou leurs gares.

Si le projet de Railcoop est novateur, il participe aussi à un mouvement plus puissant en faveur du train. En Occitanie, deuxième région la plus vaste de France, on mise depuis longtemps sur le rail comme élément d’aménagement du territoire. Du plan rail de Martin Malvy aux Etats généraux du rail de Carole Delga, la volonté politique de la Région a toujours été présente. La récente décision de la Région d’expérimenter en avril prochain la gratuité des TER pour les jeunes en est l’illustration, tout comme la volonté d’une majorité d’élus de la région de parvenir enfin à raccrocher l’Occitanie au réseau TGV avec les lignes à grande vitesse Toulouse-Bordeaux et Montpellier-Perpignan.

Enfin, n’oublions pas le retour des trains de nuit en France dont il ne restait que deux lignes et leur développement aussi fulgurant qu’étonnant en Europe avec le projet NightJet, et tous les projets de trains à très grande vitesse comme l’Hyperloop.

Tout ceci montre que le train, qui fut un élément majeur de la révolution industrielle au XIXe siècle, n’a pas dit son dernier mot et pourrait bien redevenir un atout dans le transport du XXIe siècle.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 8 mars 2021)

Posts les plus consultés de ce blog

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Principes et réalité

Seize mois après les manifestations historiques des agriculteurs, nées en Occitanie à l’hiver 2024 en dehors des organisations syndicales traditionnelles, voilà la colère paysanne de retour. Ce lundi, à l’appel notamment de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, et après de nombreuses actions ponctuelles ces dernières semaines, les tracteurs seront, en effet, à nouveau dans les rues pour dire l’exaspération des agriculteurs de voir les mesures promises si lentes à se mettre en place et pour rappeler l’urgence à agir aux députés, qui examinent ce lundi à l’Assemblée nationale une proposition de loi clivante lancée par le sénateur LR Laurent Duplomb. Ambitionnant de « lever les contraintes », ce texte, plébiscité par le monde agricole mais qui ulcère les défenseurs de l’environnement et les tenants d’un autre modèle agricole, propose entre autres de faciliter le stockage de l’eau, de simplifier l’extension des élevages, de réintroduire certains pesticides dont un néonicotinoïde qu...