À l’heure où le monde a les yeux tournés vers Mars où progresse le rover Perseverance, à l’heure où la Russie et la Chine s’unissent pour construire prochainement une station spatiale sur la Lune, à l’heure où les Français s’apprêtent à encourager Thomas Pesquet qui rejoint le mois prochain la station spatiale internationale, à l’heure enfin où la France va organiser son premier exercice militaire spatial, demain depuis le commandement de l’espace à Toulouse, une expédition inédite va nous inviter à détourner le regard du ciel pour revenir sur Terre. Dimanche en Ariège débute, en effet, l’expédition Deep Time, qui va plonger pendant 40 jours une équipe d’hommes et de femmes au fin fond de la grotte de Lombrives, la plus vaste d’Europe. Un confinement volontaire dont l’idée est justement venue l’an passé à l’explorateur franco-suisse Christian Clot qui avait constaté que 40 % des personnes confinées en France et dans plusieurs pays du monde avaient perdu la notion du temps.
Pour le fondateur de l’Institut de l’Adaptation Humaine, nourri des récits de Jules Vernes et des observations de Michel Siffre, l’inventeur de la chronobiologie qui passa deux mois claustré au fond du gouffre de Scarasson en 1962, il y a là matière à chercher à comprendre comment notre corps et notre cerveau réagissent dans des situations extrêmes d’isolement. Des situations qui peuvent potentiellement se multiplier à l’avenir sur terre comme dans l’espace. La réorganisation des habitats sur notre planète, sous la pression du changement climatique, tout comme les longues missions qui se dessinent dans la conquête de l’espace, entre séjours sur la Lune ou voyage vers Mars, nous imposent aujourd’hui d’entamer ce voyage intérieur dans le corps humain. Un voyage qui reste, depuis la nuit des temps, la plus fascinante et la plus mystérieuse des explorations.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 11 mars 2021)