Depuis qu’il avait surpris son monde le 29 janvier en décidant de ne pas confiner pour la troisième fois le pays, Emmanuel Macron était sur la corde raide pour réussir ce pari politique, pris au grand dam des épidémiologistes mais accueilli avec soulagement par les Français. Depuis, l’exécutif et la majorité n’ont cessé de répéter que le confinement ne devait être que l’ultime recours et que chaque semaine sans confinement était une semaine gagnée sur l’épidémie ; Olivier Véran s’étant même risqué à dire que la France, contrairement à nombre de ses voisins, ne serait peut-être jamais reconfinée…
Las ! Aujourd’hui, il semble bien que ces semaines ont été des semaines perdues pour faire face à ce qu’il convient d’appeler la troisième vague de l’épidémie de Covid, qui sature les hôpitaux de plusieurs régions. La circulation exponentielle des redoutables variants du coronavirus, plus contagieux et plus létaux que la souche classique, et l’avancée chaotique de la campagne de vaccination, compliquée par une logistique imparfaite et des livraisons de doses au compte-gouttes, ont conduit l’exécutif au pied du mur.
Face au virus, devenu « le maître du temps » selon l’aveu d’Emmanuel Macron, il a donc fallu procéder à un énième tour de vis, nourri de multiples hypothèses de travail fuitant dans les médias et alimentant un anxiogène feuilleton au gré d’une communication gouvernementale donnant parfois le tournis. « Il faut être créatif dans la décision mais pas décider parce que c’est créatif » résumait hier, en une formule alambiquée, un conseiller du gouvernement quelques heures avant des annonces, d’évidence, pesées au trébuchet et prises en concertation avec les élus locaux. Car après une année sous Covid, il fallait à la fois tenir compte de la situation sanitaire, mais aussi – et peut-être surtout – de la situation économique de la France et de son état psychologique. Un an après le premier confinement, l’inéluctable s’est donc produit pour 16 départements dont tous ceux de l’Île-de-France, poumon économique du pays.
Plus que jamais pour que cet éprouvant troisième confinement ne s’étende pas à d’autres régions et soit le plus court possible, il faut utiliser le seul outil dont on dispose face à l’épidémie : le vaccin.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 19 mars 2021)