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Montée au front

 

vaccin

La prise de parole d’Emmanuel Macron hier à l’occasion d’un déplacement dans un centre de vaccination à Valenciennes (Nord) était logique et attendue. Logique car depuis le début de la crise sanitaire, tout procède du chef de l’Etat. À l’issue de conseils de défense sanitaire de plus en plus critiqués pour leur opacité, Emmanuel Macron décide seul, prenant parfois le contre-pied de ses ministres comme le 29 janvier en renonçant à un troisième confinement pourtant attendus de tous… Intervention attendue ensuite, car pour l’exécutif, il convenait de sortir rapidement de la séquence catastrophique de ces derniers jours où la mise en œuvre du confinement déconfiné dans 16 départements a donné lieu à des cafouillages en série entre une attestation dérogatoire de sortie ubuesque et des prises de parole ministérielles qui en venaient parfois à se contredire à force de manier des éléments de langage mal calibrés.

Partant du principe que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Emmanuel Macron est donc monté au front sur le seul sujet qui préoccupe et inquiète réellement les Français : la vaccination, c’est-à-dire le principal outil qui doit nous permettre de sortir enfin de l’épidémie. Depuis le lancement de la campagne vaccinale française le 27 décembre dernier, les critiques n’ont cessé de pleuvoir, à tort ou à raison, sur l’exécutif qui a plusieurs fois dû revoir le calendrier établi par la Haute autorité de santé (HAS) pour corriger ses erreurs mais aussi – et peut-être surtout – pour faire face aux aléas extérieurs que sont la quantité de doses disponibles et la troisième vague épidémique boostée par les redoutables variants.

La logistique complexe d’acheminement et de stockage des doses, les difficultés des Français éligibles au vaccin pour prendre rendez-vous, la délicate articulation entre les différents acteurs (pharmaciens, médecins libéraux, hôpitaux…), la défiance des soignants envers le vaccin AstraZeneca, l’urgence dans la répartition des doses quand des départements basculent dans le rouge, etc. : la vaccination est, depuis le départ, semée d’embûches. Et si la France fait au final ni mieux ni moins bien que ses plus proches voisins aux stratégies différentes (Allemagne, Italie), elle pâtit de la comparaison avec les pays qui, tels les Etats-Unis ou Israël, vaccinent massivement et en retirent un évident prestige géopolitique.

C’est donc cette vaccination massive qu’Emmanuel Macron est venu promettre hier en recourant, entre autres, à ce qui était écarté jusqu’à présent : des vaccinodromes, avec la mobilisation de l’armée. Plébiscités en Allemagne ou aux Etats-Unis, ils convoquaient en France le mauvais souvenir du fiasco de la grippe H1N1 il y a dix ans. Mais face au Covid-19, il est plus que temps de surmonter ces états d’âme pour pouvoir, comme l’a dit le Président hier, "vacciner tous les jours, matin, midi et soir."

En se mobilisant en première ligne sur la vaccination, Emmanuel Macron prend le risque de s’exposer évidemment. Mais il sait qu’à un an de la présidentielle, l’échec sur la vaccination n’est, pour lui, pas une option.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 24 mars 2021)

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