Avec le moustique tigre, il est sans doute le fléau le plus redouté par les Français à l’approche des beaux jours. Depuis sa découverte en France en 2004, importé accidentellement par un bateau venu de Chine, le frelon asiatique Vespa velutina nigrithorax a envahi tous les départements de France, hormis la Corse, et étend sa présence petit à petit dans le reste de l’Europe.
Au niveau européen justement, le frelon asiatique figuresur la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne, liste adoptée au niveau communautaire en 2016. En France, Vespa velutina nigrithorax est classé dans la liste des dangers sanitaires de deuxième catégorie pour l’abeille.
C’est que le frelon asiatique est redoutable à plus d’un titre. D’abord par sa grande capacité d’adaptation qui complique grandement notre lutte contre sa présence. « Une lutte irraisonnée contre une espèce envahissante peut conduire à favoriser son installation. Les méthodes de lutte qui ont un impact sur le reste de l’environnement (comme l’utilisation d’appâts empoisonnés) risquent donc de desservir nos espèces locales en faveur de ce dernier » note l’inventaire national du patrimoine naturel (INPN), qui souligne qu’à l’heure actuelle, il n’existe « aucune stratégie collective de prévention, surveillance et lutte contre ce frelon qui soit reconnue efficace. »
Le frelon asiatique est redoutable aussi quant à son rôle néfaste désormais avéré sur les colonies d’abeilles. Alors que les apiculteurs sont déjà confrontés aux ravages des néonicotinoïdes, ils doivent faire face à ce prédateur capable de tuer près de 70 abeilles par jour, qui représentent 30 % de son régime alimentaire.
En attendant que la recherche scientifique avance, il est donc important que les apiculteurs, les collectivités et les citoyens se mobilisent pour poser des pièges sélectifs au bon moment et protéger ainsi les abeilles de ce redoutable prédateur.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 5 mars 2020)