Jeudi dernier au moment d’étendre les couvre-feux à 54 départements, le Premier ministre Jean Castex lançait « Disons les choses clairement : la situation est grave. Elle est grave en Europe, elle est grave en France ». Depuis, la situation s’est encore dégradée au point que plusieurs experts estiment depuis ce week-end que l’épidémie en France est « hors de contrôle ». Dès lors l’hypothèse d’un reconfinement est désormais sur la table comme l’une des pistes pour casser les chaînes de contamination.
Inimaginable il y a encore quinze jours, ce reconfinement – fut-il partiel et ponctuel – semble être la meilleure solution sur le papier, mais comment la mettre en place ? Comment décider à nouveau un confinement qui éprouvera très durement les Français et frappera violemment une économie affaiblie et tout juste convalescente ? Au pied du mur, le gouvernement ne peut pourtant plus tergiverser et communiquer au compte-gouttes chaque semaine en donnant un tour de vis supplémentaire à des mesures restrictives qui paraissent, d’évidence, insuffisantes pour freiner la vague car prises avec beaucoup trop de retard et sans l’ampleur nécessaire.
À l’issue du conseil de défense qui se tient ce mardi, les « décisions difficiles » – qu’attendent depuis des semaines le professeur Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid-19, mais aussi beaucoup de soignants déjà épuisés qui redoutent que la deuxième vague soit pire que la première – ne peuvent plus être différées.
La situation en France n’est hélas pas isolée. Cette seconde vague frappe l’Europe entière et a été mal anticipée. Il est d’ailleurs désolant que les leçons de la première vague n’aient pas été tirées collectivement, qu’aucune stratégie globale, coordonnée à l’échelle de l’Union n’ait été esquissée, quand bien même la santé publique relève par principe de la compétence interne des Etats membres.
Des Etats qui tentent aujourd’hui, et chacun dans son coin, de freiner le virus avec l’espoir que si la situation est grave, elle n’est pas encore désespérée.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 27 octobre 2020)