Accéder au contenu principal

Tenir le choc

 

avion

À la crise sanitaire du coronavirus succède cet automne la crise socio-économique tant redoutée. Depuis le confinement, nous nous étions bien sûr préparés à ce choc. En mars dernier déjà, le Premier ministre Edouard Philippe parlait de "risque d’écroulement" économique quand le ministre de l’Economie Bruno Le Maire évoquait la perspective de "la pire récession depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale."

Et pourtant, les annonces de plans sociaux qui s’enchaînent depuis quelques semaines – actuellement on en compte près de 450 partout en France – nous saisissent tous d’effroi, parce que derrière les chiffres bruts, ce sont bien sûr des familles qui basculent du jour au lendemain dans l’angoisse de l’avenir, ce sont des entreprises qui, solides hier, se retrouvent au bord de la faillite aujourd’hui, ce sont des territoires qui voient leur tissu économique se déliter. Plus de 65 000 emplois sont en passe d’être supprimés, selon un rapport de la Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques (DARES) publié le 29 septembre. C’est trois fois plus qu’en 2019 à la même époque… "Nous nous attendons dans les semaines et les mois qui viennent à un nombre de licenciements élevé et à des faillites", concède Bruno Le Maire, qui entend faire "plus que tout" pour "éviter ces faillites et trouver des solutions" dans cette crise totalement inédite.

Car contrairement aux crises économiques précédentes, celle due à la pandémie de Covid-19 présente une spécificité : un fort effet sectoriel. Certains secteurs se retrouvent ainsi plutôt préservés quand d’autres sont particulièrement touchés comme le tourisme, la culture, l’automobile ou l’aéronautique. L’Occitanie, dont le moteur – et quasiment le seul – est de longue date le secteur aérien, se retrouve ainsi en première ligne face à la vague des plans sociaux. Les suppressions de postes chez Airbus, tel un effet domino, se répercutent sur de nombreuses autres entreprises du secteur et fragilisent toute l’économie régionale. Le plan France relance, mais aussi les aides mises en place par les collectivités locales, Région en tête, sont dès lors les bienvenues pour limiter les pertes d’emplois d’une part, mais aussi préserver les compétences, les savoir-faire pour préparer d’ores et déjà l’après.

Il faut, en effet, anticiper dès à présent la fin de la crise sanitaire, envisager une économie plus diversifiée, investir aussi de nouveaux domaines liés par exemple à la transition écologique. L’économie mondiale n’est pas totalement à l’arrêt et plusieurs experts estiment qu’une fois la pandémie vaincue, il y aura un effet rattrapage de la consommation et de l’investissement, freinés pendant de longs mois. La lumière est donc au bout du tunnel. En attendant, la solidarité doit jouer à plein pour tenir et amortir le choc des plans sociaux.

(Editorial publié dans La Dépêche du mardi 6 octobre 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Principes et réalité

Seize mois après les manifestations historiques des agriculteurs, nées en Occitanie à l’hiver 2024 en dehors des organisations syndicales traditionnelles, voilà la colère paysanne de retour. Ce lundi, à l’appel notamment de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, et après de nombreuses actions ponctuelles ces dernières semaines, les tracteurs seront, en effet, à nouveau dans les rues pour dire l’exaspération des agriculteurs de voir les mesures promises si lentes à se mettre en place et pour rappeler l’urgence à agir aux députés, qui examinent ce lundi à l’Assemblée nationale une proposition de loi clivante lancée par le sénateur LR Laurent Duplomb. Ambitionnant de « lever les contraintes », ce texte, plébiscité par le monde agricole mais qui ulcère les défenseurs de l’environnement et les tenants d’un autre modèle agricole, propose entre autres de faciliter le stockage de l’eau, de simplifier l’extension des élevages, de réintroduire certains pesticides dont un néonicotinoïde qu...