Accéder au contenu principal

Cohérence et cohésion

 

curfew

Les nouvelles mesures restrictives annoncées hier par le Premier ministre Jean Castex pour freiner la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, semblaient inéluctables. Inéluctables compte tenu des chiffres de contaminations pour 100 000 habitants qui ont dépassé la ligne rouge dans plusieurs régions, y compris dans certaines zones rurales et pas seulement dans les grandes métropoles dont neuf seulement étaient jusqu’à hier soumises à couvre-feu. Inéluctables parce que le nombre d’hospitalisations et le taux d’occupation de lits de réanimation ont augmenté ces derniers jours de façon alarmante. Inéluctables enfin parce que le pays ne peut pas se permettre un nouveau confinement, comme viennent de le décréter les Irlandais. Le gouvernement comme les Français n’ont pas envie de revivre des semaines éprouvantes d’assignation à domicile dont l’impact psychologique et les conséquences socio-économiques ont été ravageurs pour le pays.

Dès lors, les couvre-feux, ces confinements nocturnes, semblent être la meilleure solution, le meilleur compromis pour continuer à vivre et travailler tout en empêchant un débordement des hôpitaux dans lesquels les soignants sont épuisés depuis la première vague. Pris au cas par cas, ils correspondent aussi à la stratégie territorialisée du gouvernement et sa volonté d’associer les élus locaux. 

L’épidémie de Covid-19, on le sait, est un défi de longue haleine, une terrible mise à l’épreuve, particulièrement dans les démocraties où toute décision est logiquement questionnée, souvent critiquée et parfois contestée. Mais il n’y a pas de fatalité pour peu que l’on fasse preuve de cohérence et de cohésion ; la Nouvelle-Zélande qui a réussi sa lutte contre le virus – 25 décès pour 5 millions d’habitants – vient d’en faire la spectaculaire démonstration.

La cohérence, le gouvernement, instruit de ses erreurs – ah ! les masques… – s’y essaie sincèrement. Il semble aborder plus finement la deuxième vague, communique du mieux possible, est plus transparent, ce qui n’empêche ni les couacs ni les injonctions contradictoires, mal comprises ou pas assez anticipées. Mais qui ferait mieux face à une épidémie si imprévisible qui frappe pareillement tous les pays d’Europe ?

La cohésion, il appartient à tous les Français de la faire vivre, c’est-à-dire de faire preuve de civisme en respectant des mesures qui restreignent certes les libertés, mais pour un temps très limité, afin d’éviter le pire.

Cohérence, cohésion, la Nouvelle-Zélande y est arrivée, pourquoi pas nous ? Il y a urgence...

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 23 octobre 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

Se préparer

Voilà un type de courbe que l’on n’avait pas vu depuis longtemps concernant le Covid-19 : une hausse, celle du nouveau variant du coronavirus EG.5. Baptisé Eris, ce cousin d’Omicron croît de façon vertigineuse dans le séquençage de cas positifs au Covid-19 en France comme dans d’autres pays. Beaucoup plus contagieux que ses prédécesseurs, Eris pourrait ainsi s’imposer et devenir majoritaire. Au point de relancer une pandémie mondiale que nous pensions derrière nous ? Nous n’en sommes évidemment pas là, mais l’apparition de ce nouveau variant, tout comme la possibilité de voir survenir des clusters de contamination comme cela vient de se produire aux fêtes de Bayonne, nous interroge légitimement. Même si la couverture vaccinale est bonne en France, la crainte de devoir revivre les conséquences sanitaires et socio-économiques d’un retour de la pandémie est bien dans les esprits. Peut-être aurions-nous dû écouter plus attentivement les spécialistes comme le directeur général de l’Organisa

Moine-soldat

Dans le marathon de l’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, le calendrier a marqué une pause ce jeudi à l’occasion de la niche parlementaire du Parti socialiste. Une pause mise à profit par le gouvernement pour aller sur le terrain défendre une réforme toujours massivement rejetée par 7 Français sur 10. À l’avant-veille de la quatrième journée de manifestation appelée par l’intersyndicale, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin se sont ainsi rendus hier à Neuville-en-Ferrain, dans le Nord, Olivier Dussopt à Toulouse, où il a notamment rencontré six lecteurs de La Dépêche du Midi au siège de notre journal pour répondre à leurs questions et leurs inquiétudes. Celui qui enchaîne à un rythme soutenu les interviews dans les matinales et défend depuis lundi son texte devant une Assemblée nationale survoltée s’est montré tel qu’en lui-même : un moine-soldat de la macronie. Moine, parce que le ministre connaît sur le bout des doigts le catéchisme de la réforme, son dogme du r

L'indécence et la dignité

C’est sans doute parce qu’elle avait le souriant visage de l’enfance, cheveux blonds et yeux bleus, parce qu’elle aurait pu être notre fille ou notre nièce, notre petite sœur ou notre cousine, une camarade ou la petite voisine. C’est pour toutes ces raisons que le meurtre barbare de la petite Lola a ému à ce point la France. Voir le destin tragique de cette bientôt adolescente qui avait la vie devant elle basculer à 12 ans dans l’horreur inimaginable d’un crime gratuit a soulevé le cœur de chacune et chacun d’entre nous. Et nous avons tous pensé à ses parents, à sa famille, à ses proches, à ses camarades de classe, à leur incommensurable douleur que notre solidarité bienveillante réconfortera mais n’éteindra pas. Tous ? Non, hélas. Dans les heures qui ont suivi le drame, certains ont instrumentalisé de façon odieuse la mort de cette enfant pour une basse récupération politique au prétexte que la suspecte du meurtre était de nationalité étrangère et visée par une obligation de quitter l