Depuis le week-end dernier et l’envol des chiffres des contaminations et des hospitalisations, les Français s’attendaient à ce que de nouvelles « décisions difficiles » soient prises face au Covid-19. Si le reconfinement annoncé hier par Emmanuel Macron n’est donc pas une surprise – même s’il paraissait inimaginable – il n’en constitue pas moins un choc. Certes, il sera plus souple que celui du printemps mais il restera une épreuve pour tous les Français et un coup de massue pour une économie à peine remise de la première vague. Face aux chiffres implacables d’une épidémie « hors de contrôle » et au risque d’un débordement de notre système hospitalier, il s’agit bien là de la solution la plus efficace, et sans doute la seule, pour casser les chaînes de contamination.
Jusqu’ici très disciplinés face à des mesures qui, depuis des mois, ont restreint leurs libertés, bouleversé leur vie quotidienne et parfois fait tomber dans le chômage et la pauvreté des milliers d’entre eux, les Français accepteront-ils ce nouveau confinement ? Ne serait-ce que pour soulager les soignants, aussi héroïques qu’épuisés, très certainement. Ce qui n’empêchera pas la colère et le désespoir de s’exprimer, ni les questions d’être posées au premier rang desquelles : à qui la faute ?
La faute au gouvernement ? Il a sa part de responsabilité. En dépit des alertes très claires du Conseil scientifique dès juillet sur la nécessité de se préparer à une seconde vague, l’exécutif a semblé minorer cette possibilité, pressé de mettre en place son plan de relance. Au lieu de nommer un nébuleux haut-commissaire à la relance pour récompenser un allié politique, Emmanuel Macron aurait sans doute été plus inspiré de nommer un haut-commissaire au Covid-19… Les réactions gouvernementales aux prémices de la deuxième vague ont, de fait, été aussi tardives que timorées, en tout cas toujours en réaction à la dégradation de la situation épidémique, rarement dans l’anticipation et avec une communication plus que perfectible.
Le reconfinement signe dès lors l’échec de la stratégie de déconfinement… gérée par l’actuel Premier ministre. De Monsieur déconfinement, Jean Castex est devenu Monsieur reconfinement… À la décharge du gouvernement, nos voisins européens n’ont guère mieux géré cette deuxième vague et les oppositions, logiquement promptes à la critique, n’ont pas émis de propositions alternatives. Bien maigre consolation.
Mais la faute du reconfinement incombe aussi aux Français. Collectivement, nous n’avons pas été suffisamment à la hauteur du danger, par ignorance ou arrogance. Éprouvés par les deux mois de confinement, nous nous sommes relâchés dès l’été – c’était bien naturel – en respectant moins les gestes barrières : masques mal portés, retrouvailles familiales et amicales trop nombreuses, lavage des mains moins fréquents, etc. À cela, on peut ajouter aussi les entreprises qui ont rejeté le télétravail et demandé à leurs salariés d’être présents sur site, contribuant par ricochet à grossir les foules dans les transports en commun…
Faute d’avoir appris suffisamment de la première vague et d’avoir anticipé la seconde, nous voilà tous ensemble revenus comme à la case départ avec ce nouveau reconfinement. Certains experts prédisent qu’il y aura une 3e vague… Il est urgent de se rappeler ce que disait Richelieu « On ne doit pas tout craindre, mais on doit tout préparer… »
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 29 octobre 2020)