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Papy et mamie

papy

 

Papy et mamie. Ces doux noms qui emportent toute la tendresse des enfants et la bienveillance de leurs parents à l’égard des grands-pères et grands-mères ont subitement déclenché la colère de ces derniers quand le nouveau Premier ministre les a utilisés pendant l’été pour s’adresser à eux. Pour Jean Castex, papy et mamie devaient renoncer à aller chercher leurs petits-enfants à l’école en raison des risques qu’ils couraient face à l’épidémie du coronavirus. Peut-être Jean Castex a-t-il des grands-parents l’image de ces anciens que l’on voit parfois dans les villages, voûtés sur leur canne et le béret vissé sur la tête. Une image d’Epinal en somme bien éloignée de la réalité, comme le lui a vertement rappelé sur le plateau de France 2 Armelle Le Bigot Macaux, présidente de l’École des Grands-Parents Européens. En voulant infantiliser les seniors – sans mauvaise intention évidemment – le Premier ministre s’était retrouvé comme un petit garçon devant la dynamique septuagénaire en colère…

C’est que deux éléments viennent contredire le Premier ministre. Le premier est que les "seniors" recouvrent désormais non pas une mais deux catégories d’âge : un 3e âge actif où, de 65 ans à 80-85 ans, l’on reste dynamique, plutôt en bonne santé ; puis un 4e âge où l’on devient plus dépendant. Second élément, les grands-parents le deviennent souvent de plus en plus tôt et en tout cas de façon plus précoce que la génération précédente. Selon un sondage Ipsos pour Notre temps paru en novembre, on entre dans la grand-parentalité en moyenne à 54 ans pour les femmes et 56 ans pour les hommes. Autant dire à un âge où l’on est d’autant plus actif... qu’on travaille encore. Ce sondage établit aussi que les grands-parents ne lésinent pas quand il faut s’occuper des petits-enfants : ils assurent en moyenne 9 heures de garde hebdomadaire qui font fructifier les liens intergénérationnels… Des liens essentiels dont une majorité de grands-parents a été privée pendant le confinement.

Pas question dès lors de revivre la même chose avec la deuxième vague du Covid-19. Jean Castex l’a d’ailleurs reconnu l’avant-veille de l’annonce présidentielle des couvre-feux. "On peut aller voir papy et mamie enfin, ce serait ridicule ! Mais on fait très attention. On porte le masque au maximum, en tout cas s’agissant du papy, puisque vous savez que pour les petits-enfants, même le port du masque en dessous d’un certain âge est décommandé", a-t-il expliqué le 12 octobre.

Car s’il faut bien sûr maintenir le lien intergénérationnel dans les familles quelles qu’elles soient, et ne pas infantiliser les seniors, il faut rester prudent. Le dernier point épidémiologique de Santé publique France indiquait que chez les 65-74 ans, le nombre de cas a plus que triplé en six semaines… Grands-parents et petits-enfants peuvent se voir, mais, comme le martèle la publicité "quand on aime ses proches, on ne s’approche pas trop…"

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 21 octobre 2020)

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