Accéder au contenu principal

Comment se réinventer

 

ski
Photo DDM, Joël Boyé

L’image avait tantôt fait sourire et parfois s’indigner : mi-février de cette année, pour sauver la saison de la petite station de Luchon-SuperBagnères, le Conseil départemental de Haute-Garonne avait fait livrer par hélicoptère 50 tonnes de neige. L’affaire était devenue politique, la ministre de la Transition écologique de l’époque, Elisabeth Borne, estimant qu’"enneiger une station de ski" de la sorte, "ce n’est pas une voie possible".

Assumée par le Département, cette opération exceptionnelle n’était pourtant pas une première. Montclar-les-2-Vallées, une station des Alpes-de-Haute-Provence, avait procédé de même deux mois auparavant et Gérardmer, dans les Vosges, s’était fait livrer de la neige par camion. Ces épisodes semblant opposer écologie et économie locale montrent combien le défi est grand pour les stations de ski pour faire face au réchauffement climatique qui, inéluctablement, ne cesse de réduire le domaine skiable français.

Dans les 10, 20 ou 30 prochaines années, de nombreuses stations ne pourront plus jouer les Sisyphe pour offrir une qualité de ski suffisante.

Dès lors, c’est tout un modèle qu’il faut totalement repenser pour les stations dont l’enneigement ne sera pas garanti et imaginer en version "quatre saisons". En 2015 déjà, la Cour des comptes estimait que les stations des Pyrénées devaient faire face à "une érosion continue de leur fréquentation", affichaient des "situations budgétaires et financières souvent tendues" avec une forte sollicitation des "finances publiques locales" mais avaient lancé des initiatives pour s’adapter. Le ski peut évidemment rester le produit phare le plus attractif pour les clients, notamment grâce à la neige de culture, qui est moins développée ici qu’ailleurs : 30 % seulement en France contre 48 % en Suisse et 60 % en Autriche. Mais les stations, et particulièrement celles en dessous de 1500 à 1700 mètres, doivent développer d’autres activités, tout au long de l’année, proposer des offres attractives pour des clientèles plus ciblées, et mieux s’insérer dans les économies des territoires.

En Occitanie, beaucoup de stations se sont déjà engagées dans cette voie de la diversification, comme la petite station de Laguiole, et cet été, les stations ont pu affiner les besoins – les Français ayant préféré rester en France, coronavirus oblige. Mais cet hiver, outre le possible manque de neige dû au réchauffement climatique, les stations se retrouvent sous la menace de la crise sanitaire. Face au Covid-19, elles ont mis en place un protocole sanitaire sérieux. Pour que skier reste, encore cette année, un plaisir.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 10 octobre 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Fragilités

Les images que les Français ont découvertes cette semaine à l’occasion des violentes intempéries qui ont frappé le Sud-Ouest étaient spectaculaires : un TGV comme suspendu dans le vide, reposant sur des rails sous lesquels le ballast a été emporté par des flots déchaînés. Inouï comme le nom du train qui transportait quelque 500 passagers qui se souviendront longtemps de leur voyage et de leur évacuation en pleine nuit à Tonneins – parfaitement maîtrisée par les secours, les personnels de la SNCF et les agents de la ville. Le jour d’après, à l’issue du remorquage du TGV, avait des allures de gueule de bois pour tout le monde devant les dégâts considérables sur la voie de chemin de fer. 200 mètres sont complètement à refaire, les pluies torrentielles ayant emporté la terre du remblai, la sous-couche et le ballast. Et si les travaux ont commencé dès après les orages, ils vont être longs, bloquant la liaison entre Toulouse et Bordeaux. La SNCF mise sur une reprise du trafic entre le me...