Rodez. Photo Alain Pauziès |
Il y a plus de deux siècles, au sortir de la Révolution, la création des départements allait faire des villes préfectures – à distance d’une journée de cheval du reste de leur territoire – des phares de développement économique et culturel.Des phares qui contribuèrent ensuite à l’exode rural au XIXe siècle. À l’heure de la mondialisation et de la globalisation des échanges, ces villes furent à leur tour victimes de la métropolisation et de la désindustrialisation, plongeant pour nombre d’entre elles dans d’importantes difficultés économiques et sociales. Aujourd’hui, après un confinement qui a bouleversé toutes les certitudes, les villes moyennes semblent tenir leur revanche.
Durement éprouvés par deux mois d’enfermement pour endiguer la propagation du coronavirus, les Français – et surtout ceux habitant dans les grandes villes – rêvent de maison avec jardin mais avec un bon niveau de services, de se mettre au vert mais avec la fibre pour télétravailler, de quitter les métropoles mais sans renoncer à la modernité de leurs services. Les villes moyennes ont donc des atouts à faire valoir ; des atouts dont leurs habitants sont d’ailleurs les meilleurs ambassadeurs. Proximité des services et commerces, bonnes dessertes routières, vie culturelle beaucoup plus dense que certains ne le croient, offres d’enseignements supérieurs en développement, environnement et nature préservés, etc.
Castres, Rodez, Lannemezan, Cahors… Autant de villes qui ont repris confiance en elles ces dernières années, notamment grâce à certains élus locaux dynamiques et des populations très attachées à leur cadre de vie. Aujourd’hui, ces villes à nouveau attractives participent à une révolution silencieuse qui peut potentiellement modifier en profondeur l’aménagement de la France. À condition que ce rééquilibrage en faveur des villes moyennes et des « territoires » soit accompagné d’une vraie vision d’aménagement – ce n’est pas toujours le cas – et de politiques volontaristes pour résorber les difficultés, nombreuses, qui subsistent et constituent des freins : coût de la vie, piètre santé du tissu économique local qui impacte l’emploi, offre limitée de commerces de proximité ou de transports en commun, accès aux soins et notamment aux médecins généralistes ou spécialistes…
Mais dans le « monde d’après » le Covid, il faudra compter avec les villes moyennes, tout simplement parce qu’elles sont à taille humaine.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 30 septembre 2020)