Accéder au contenu principal

Contrat d'avenir

 

bournazel
Le château de Bournazel en Aveyron.

Les Journées du patrimoine attestent chaque année combien les Français nourrissent un attachement viscéral à ce qu’il est convenu d’appeler les vieilles pierres : des plus grands monuments nationaux dont beaucoup sont exceptionnellement ouverts ce week-end aux plus petits bâtiments locaux, des figures de proue qui font la renommée de la France aux modestes édifices qui font la fierté d’une région, d’un village grâce au formidable travail de milliers de bénévoles. Cet attachement s’est d’ailleurs vérifié avec le succès du Loto du patrimoine. Certes, les montants que celui-ci a permis de dégager sont modestes au vu de l’immensité de la tâche, mais il contribue assurément à faire revivre des sites, des chefs-d’œuvre en péril, comme l’avait imaginé André Malraux. «Le siècle des machines est le premier qui ait retrouvé tout le passé des hommes. Dans notre civilisation, l’avenir ne s’oppose pas au passé, il le ressuscite», expliquait le ministre de la Culture en 1962 en présentant sa loi de sauvegarde du patrimoine.

Puiser dans le passé les ressorts de l’avenir, voilà aussi la mission importante de ces Journées, particulièrement cette année où le thème choisi, «Patrimoine et éducation : apprendre pour la vie» fait la part belle à la transmission. «Une Nation est à la fois un patrimoine historique et un contrat d’avenir», estimait Ernest Renan. Cette corrélation nous oblige tous, mais nécessite évidemment des moyens pour préserver l’un et garantir l’autre. Alors que le coronavirus va nous faire affronter une crise socio-économique dont on n’a vu pour l’heure que les prémices, beaucoup s’inquiètent de voir la culture – et donc le patrimoine – qui a terriblement souffert du confinement et continue d’être en difficulté, passer au second plan. Deux milliards d’euros du plan France relance ont été engagés pour un «soutien aux filières et aux rénovations patrimoniales.» Sans doute faudra-t-il faire plus et mieux afin que le secteur culturel résiste aux conséquences de l’épidémie et que la France puisse continuer à être fière de son patrimoine et de ceux qui en prennent soin.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 19 septembre 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

Grandiose !

  Cent ans après les JO de Paris de 1924, les XXXIIIes Jeux Olympiques d’été de l’ère moderne se sont ouverts hier dans la Capitale au terme d’une cérémonie d’ouverture exceptionnelle qui est entrée dans l’histoire en en mettant plein les yeux au monde entier. Les athlètes ont défilé non pas dans un Stade olympique mais en bateau, sur la Seine, sur un parcours rythmé par une mise en scène de toute beauté mettant en valeur la France, son patrimoine, son Histoire, ses talents, avant de rejoindre le Trocadéro devant une Tour Eiffel parée des anneaux olympiques. Nul doute que cette cérémonie réussie, émouvante, populaire, inédite, fera date en se rangeant dans la longue liste des défilés qui ont marqué les JO mais aussi l’histoire de notre pays, de la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790 à celle pour le Bicentenaire de la Révolution française en 1989, en passant par la Libération de Paris dont on va bientôt célébrer les 80 ans. Cette cérémonie ponctue plusieurs années de préparation po

Guerres et paix

La guerre menace encore une fois le Pays du Cèdre, tant de fois meurtri par des crises à répétition. Les frappes israéliennes contre le sud du Liban et les positions du Hezbollah ravivent, en effet, le spectre d’un nouveau conflit dans cette Terre millénaire de brassage culturel et religieux. Après quinze années de violence qui ont profondément marqué le pays et ses habitants (1975-1990), la paix est toujours restée fragile, constamment menacée par les ingérences étrangères, les divisions communautaires et une classe politique corrompue. La crise économique sans précédent qui frappe le pays depuis 2019, puis l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020, symbolisant l’effondrement d’un État rongé par des décennies de mauvaise gouvernance, ont rajouté au malheur de ce petit pays de moins de 6 millions d’habitants, jadis considéré comme la Suisse du Moyen-Orient. Victime d’une spectaculaire opération d’explosion de ses bipeurs et talkies-walkies attribuée à Israël, le Hezbollah –

Entaché

Dix ans après son départ du gouvernement Ayrault, Jérôme Cahuzac, l’ancien ministre du Budget de François Hollande, envisage-t-il son retour en politique ? En tout cas l’intéressé, condamné en appel à deux ans de prison pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, et frappé de cinq années d’inéligibilité, était hier sur le marché de Monsempron-Libos, non loin de Villeneuve-sur-Lot, la ville dont il a été le député et le maire.Fin octobre déjà il participait à une réunion, organisée à huis clos, quelques semaines après le lancement d’une association politique «Les amis de Jérôme Cahuzac». Récemment interrogé par Sud-Ouest pour savoir s’il préparait son retour politique, le septuagénaire, qui avait élu domicile en Corse où il pratiquait la médecine à l’hôpital de Bonifacio, s’est borné à répondre que «tout est une question de circonstances», faisant remarquer qu’ «on fait de la politique pour être élu et agir» et qu’il n’y avait pas d’élections avant 2026, date des prochaines m