Le plan de relance de 100 milliards d’euros désormais présenté, ce ne sont pas moins de quatre batailles qui vont dès maintenant s’enclencher sous la houlette du nouveau commissaire au plan et à la prospective François Bayrou. Quatre batailles qui vont être tout particulièrement suivies en Occitanie.
La première est bien sûr économique. Empêcher la destruction d’emplois, sauver de la faillite un maximum d’entreprises qui ont vu leur activité et leurs carnets de commande s’effondrer avec le confinement et redémarrer trop lentement depuis le déconfinement du 11 mai. Le secteur aérien, qui pèse lourd dans l’économie régionale – l’Occitanie est la plus grande région aéronautique d’Europe ex-aequo avec l’Île de France – a été l’un des plus touchés. Le retour à la normale n’étant pas prévu avant fin 2024, il y a donc urgence à se mobiliser. Pour Airbus bien sûr, qui a prévu de supprimer 15000 postes dont un tiers en France, mais surtout pour tous ses sous-traitants qui constituent un vaste tissu industriel dans tous les départements. Les 25 milliards d’euros du plan prévus pour les PME-TPE ne seront pas de trop.
La seconde bataille est donc logiquement sociale. C’est celle de l’emploi érigée en "priorité" jeudi par le Premier ministre. L’Etat et les collectivités vont faire face à d’innombrables plans sociaux qui devront être les plus protecteurs possibles pour accompagner celles et ceux qui vont perdre leur travail. Le soutien à l’activité partielle de longue durée, le renforcement de Pôle emploi, l’accent mis sur la formation aideront à coup sûr.
La troisième bataille, de plus long terme, est stratégique. Le plan de relance invite – à raison – à se projeter au-delà de l’urgence du moment pour imaginer la France de 2030. Quels secteurs innovants faut-il développer (15 milliards vont être consacrés à l’innovation) ? Comment réussir l’indispensable transition écologique ? Où faut-il prioritairement investir ? Quelles formations vont faire les métiers de demain ? L’Occitanie, qui souffre aujourd’hui d’avoir sans doute trop misé sur le seul secteur aéronautique au détriment d’une vraie diversification, ne manque ni d’atouts, ni de talents. La région dispose de start-ups innovantes, de scientifiques et de laboratoires reconnus internationalement dans de multiples domaines, et de PME qui savent s’adapter. Les pouvoirs publics doivent à la fois fixer le cadre, impulser les grandes orientations et surtout faciliter les projets.
Enfin, la dernière bataille, beaucoup plus feutrée, est politique, alors que se profilent les régionales et dans moins de 600 jours la présidentielle. Le Premier ministre a certes placé son arrivée à Matignon sous le signe d’une nouvelle méthode de travail avec les collectivités, partenaires incontournables, faite de dialogue et de concertation. Reste que la mise en œuvre du plan est éminemment politique et la tentation des uns et des autres de tirer la couverture à soi sera grande pour revendiquer auprès des Français la paternité de telle ou telle mesure. Emmanuel Macron l’a bien compris, qui a insisté pour que chaque mesure soit estampillée du label "France relance" pour être bien identifiée comme étant nationale...
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 5 septembre 2020)