"L’homme sage apprend de ses erreurs, l’homme plus sage apprend des erreurs des autres", disait Confucius. On ne sait quel est le degré de sagesse du président de la République et du gouvernement mais une chose est sûre : ils ne referont pas les mêmes erreurs que celles qui ont débouché, fin 2018, sur le mouvement des Gilets jaunes. Cette crise sociale, totalement inédite par son côté protéiforme et l’étendue de ses revendications, avait bousculé le quinquennat et profondément affecté Emmanuel Macron.
D’aucuns estimaient que le chef de l’Etat, faute de disposer de relais de terrain suffisants, n’avait pas mesuré que les signaux faibles qui remontaient des territoires après une hausse des prix des carburants et la perspective de la taxe carbone, puisaient leurs racines dans des maux plus profonds, des fractures sociales qui traversaient – et traversent encore aujourd’hui – la société française. Avec le grand débat et quelque 17 milliards d’euros de mesures en faveur du pouvoir d’achat, Emmanuel Macron s’est extrait de cette séquence qui a laissé des traces dans le pays.
Alors quand ces dernières semaines, le prix des carburants à la pompe a commencé à monter, mais aussi que ceux de l’électricité, du gaz ou du fioul ont suivi le même chemin, l’exécutif s’est mis en mode alerte face à cette bombe à retardement. Et pour éviter que la colère de 2018 ne se réveille, le gouvernement a dégainé un chèque énergie supplémentaire. Près de 6 millions de ménages modestes vont ainsi recevoir 100 € pour faire face à la hausse des prix de l’énergie, qui sont souvent des dépenses contraintes. Certains dénoncent un cadeau pré-électoral, font remarquer qu’il aurait peut-être été plus judicieux que l’Etat baisse tout simplement les taxes ou qu’il agisse en régulant mieux les mécanismes conduisant aux hausses de prix. Avec son chèque, le gouvernement désamorce en amont la grogne avant même qu’elle ne s’installe.
Reste à savoir si cela n’intervient pas justement trop tôt…
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 19 septembre 2021)