L’éruption du volcan Cumbre Vueja sur l’une des îles de l’archipel espagnol des Canaries, dimanche dernier, est de ces catastrophes naturelles qui marquent profondément l’Histoire et les Hommes. Voir la coulée de lave de ce volcan qui était endormi depuis cinquante ans incendier et engloutir maisons ou cultures convoque en chacun de nous, outre l’effroi et la compassion pour les populations touchées, le souvenir de nos cours d’école où l’on découvrait dans les manuels les tragédies de Pompéi ou Herculanum et leurs habitants statufiés, ou les documentaires du volcanologue Haroun Tazieff qui a popularisé auprès du grand public sa discipline scientifique.
Depuis l’Antiquité, les volcans, d’évidence, fascinent, autant craints pour leurs éruptions que vénérés pour la fertilité des terres qui les entourent. Et la progression de la science pour comprendre leur fonctionnement n’a rien enlevé à leur magnétisme. De l’Etna au Fuji-Yama, de la chaîne des volcans d’Auvergne au Piton de la fournaise, qu’ils soient endormis depuis des siècles ou encore actifs, les volcans aimantent notre attention, nous rappelant combien la Terre est vivante et mouvante et combien l’Homme est impuissant face aux forces de la nature. « Face à l’avancée de la lave […] on ne peut rien faire », soulignait ainsi le président de la région des Canaries, Ángel Víctor Torres alors que des pompiers espéraient dévier la coulée de lave menaçant des habitations.
L’éruption du volcan des Canaries nous rappelle aussi combien un événement qu’on pense localisé peut se répercuter partout sur la planète. Ainsi, un vaste nuage chargé de dioxyde de soufre, né aux Canaries va arriver en Europe ce week-end. De la même façon, l’éruption du volcan Eyjafjallajökull en Islande le 20 mars 2010 après 187 ans d’inactivité, avait provoqué un immense panache volcanique qui avait atteint l’Europe, paralysant plusieurs semaines le trafic aérien mondial. Les premières particules de cendres projetées, très fines, dures et tranchantes, constituaient, en effet, un vrai danger pour les avions. Depuis, ce risque a été intégré, notamment par Airbus qui a développé la technologie AVOID, capable de détecter et mesurer la concentration de cendres volcaniques dans l’atmosphère.
Autrement dit, les éruptions volcaniques nous rappellent que c’est à l’Homme, avec humilité, de s’adapter à la Terre et non l’inverse…
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 24 septembre 2021)