Les lignes à grande vitesse (LGV) Toulouse-Bordeaux et Montpellier-Perpignan sont-elles enfin sur de bons rails ? Les 5 millions d’Occitans pourront-ils enfin prochainement embarquer gare Matabiau pour un trajet en TGV vers Paris ou gare Saint-Roch pour un voyage vers Barcelone ? Ces questions, cela fait désormais bien trop longtemps que les habitants de la région se les posent. L’impatience a laissé place à l’incompréhension, voire l’exaspération tandis que leur détermination n’a pas varié d’un iota au fil des ans.
En 2017, un sondage Ifop-La Dépêche montrait que 88 % d’entre eux souhaitaient ces deux projets… mais que 52 % craignaient que l’Etat ne tienne pas ses engagements. Tristement prémonitoire quand on voit la lenteur avec laquelle ces dossiers ont avancé, laissant l’Occitanie sur le bord du chemin de la grande vitesse, une région comme oubliée dans le maillage national du TGV… qu’elle a pourtant contribué à financer. À ce que l’on sache, les Occitans ont bien participé par leurs impôts au développement du TGV en France et notre région a bien financé en partie la ligne Bordeaux-Paris… Dès lors, le dossier des deux LGV a jusqu’à présent laissé la désagréable impression que l’Occitanie était moins bien traitée que d’autres par l’Etat, subissant des décisions parisiennes éloignées des réalités du terrain, et se retrouvant victime d’une insupportable fracture ferroviaire avec le reste du pays, comme il peut y avoir des fractures sociales ou numériques.
Bataillant depuis des années contre cette idée d’une France à deux vitesses – celle-là même sur laquelle a émergé en 2018 le mouvement des Gilets jaunes – les élus locaux de tous bords politiques, qui n’ont pas ménagé leur peine pour proposer des solutions de financement, ont cette année enfin eu l’oreille de l’exécutif et plus particulièrement du Premier ministre, alors même que la remise en cause de la coûteuse politique du "tout TGV" pour la SNCF était d’actualité. Il est vrai que Jean Castex, ancien maire de Prades dans les Pyrénées-Orientales, ne pouvait pas ignorer la situation anormale occitane.
Sous la pression de Carole Delga et Jean-Luc Moudenc, ulcérés de voir l’Etat financer sans barguigner 40 % de la LGV Marseille-Nice, le Premier ministre a acté en avril l’engagement de l’Etat à hauteur de 4,1 milliards d’euros, soit 40 % du coût total des 222 kilomètres de la LGV Toulouse-Bordeaux, les collectivités locales participant pour 40 % et l’Union Européenne pour 20 %.
Avec la nomination vendredi 3 septembre du préfet de la région Occitanie, Etienne Guyot, pour boucler le plan complet de financement et prévoir la création d’une société publique de financement, la LGV est enfin sur les rails. Les travaux pourraient démarrer en 2024 pour que Toulouse ne soit plus qu’à 3 h 20 de Paris en 2030, presque 50 ans après l’inauguration de la première ligne TGV Paris-Lyon…
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 13 septembre 2021)