On a longtemps pensé que les enfants étaient épargnés par le Covid-19, puis on les a accusés d’être des super-contaminateurs, puis estimé que finalement, ils ne développaient pas, en général, de formes graves de la maladie. La réalité est que depuis le début de cette épidémie insaisissable et mouvante, le cas des enfants recèle encore une part de mystère, qui rend sans doute un peu plus palpable l’inquiétude des parents et des autorités à l’approche d’une rentrée scolaire qui se fait en pleine vague du très contagieux variant Delta. Car si le taux de vaccination en France est désormais élevé avec plus de 70 % de primo-vaccinés, les enfants constituent bien, mathématiquement, une population vulnérable car non-vaccinée.
Membre du Conseil scientifique, l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, de l’Institut Pasteur, prévoit d’ailleurs que « la moitié des nouvelles infections auront lieu chez les enfants à partir de l’automne ». Et ces contaminations à venir sont bien sûr de nature à angoisser les parents, tout comme les derniers bilans concernant les enfants. Depuis le début de l’épidémie, sept enfants de moins de 10 ans, dont un en Occitanie, sont morts en France (bien moins heureusement que dans certains pays comme l’Indonésie qui déplore 1 200 décès) ; et on observe en ce mois d’août une hausse des hospitalisations des moins de 10 ans. Si en général, l’évolution est bonne, des complications restent possibles. « Une étude britannique évalue de 4 à 8 % la proportion d’enfants ayant développé un Covid long », explique l’épidémiologiste Antoine Flahault.
Dès lors se pose la question de la vaccination des enfants de moins de 12 ans. Question éminemment sensible, qui suscite déjà de fortes oppositions – on a vu apparaître sur les réseaux sociaux des messages antivax #touchepasamesenfants – mais aussi des divergences au sein même de la communauté médicale, qui seront levées que lorsqu’on aura les résultats d’études montrant que le vaccin est efficace et qu’il n’a pas d’effets secondaires.
En attendant, il convient de préserver les moins de 10 ans des contaminations mais aussi de l’ambiance alarmiste que peuvent avoir sur eux toutes les contraintes sanitaires. Si la Convention internationale des droits de l’enfant stipule que les Etats doivent « assurer à tous les enfants l’assistance médicale et les soins de santé nécessaires », elle indique aussi qu’ils doivent assurer leur épanouissement. Autrement dit, malgré le Covid – et peut-être même plus encore à cause du Covid – nous devons tous préserver l’enfance insouciante des petits.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 26 août 2021)