Parce que le confinement a lourdement pesé sur les populations qui y ont été contraintes et parce qu’il a durablement impacté les économies des pays touchés par l’épidémie du coronavirus, le retour à la normale, à la vie d’"avant", était, logiquement, le premier souhait de tous, particulièrement en Europe à l’approche de la saison touristique. "Nous allons donc pouvoir retrouver le plaisir d’être ensemble, de reprendre pleinement le travail mais aussi de nous divertir, de nous cultiver", assurait Emmanuel Macron dimanche soir en annonçant aux Français le passage en vert de tout le territoire métropolitain.
Un soulagement qui a aussi étreint l’Italie, l’Espagne et de nombreux autres pays européens qui ont commencé à rouvrir leurs frontières, leurs écoles et leurs restaurants. Le fil de notre quotidien a ainsi repris peu à peu et, très vite, les restrictions sanitaires strictes que nous avons scrupuleusement respectées pendant trois mois nous semblent presque lointaines et, pour certains d’entre nous, sont perçues comme superflues.
Et pourtant… L’épidémie n’est pas terminée. Elle ravage l’Amérique du Sud, nouvel épicentre de la Covid-19, et le virus continue de circuler partout, à bas bruit ou de façon très soutenue. Depuis ce week-end, des hausses de contaminations survenues en Inde, en Iran, et surtout en Chine – où l’on pensait avoir triomphé du virus né à Wuhan fin 2019 – commencent à inquiéter et questionnent les scientifiques. Prémices d’une deuxième vague ou simple rebond épidémique ?
La prudence, pour l’heure, est de mise chez les épidémiologistes, mais elle doit être mère de sûreté. C’est-à-dire qu’en attendant l’arrivée d’un vaccin dont la course s’accélère, il faut que nous respections, si pesants soient-ils, les gestes barrière et la distanciation physique, et que nous portions à chaque fois que cela est utile un masque – d’autant plus qu’il y en a en quantité suffisante pour tous. Ne pas relâcher notre vigilance et apprendre à vivre avec le virus doit être notre leitmotiv, d’autant plus que le coronavirus pourrait bien être saisonnier. "Il est certain que nous serons amenés à retrouver le SARS-CoV-2 dans les années à venir" assure le professeur Yves Buisson, président du groupe Covid-19 à l’Académie de médecine.
Le retour de ce virus qui a paralysé le monde ou l’apparition probable d’un nouveau virus qui surviendrait dans les mois et les années à venir doivent nous inciter à vivre avec cette menace et à nous tenir prêts.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 18 juin 2020)