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Rendez-vous en juillet

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Depuis que l’on savait qu’Emmanuel Macron allait s’exprimer hier à 20 heures devant les Français, beaucoup se perdaient en conjectures. Qu’allait annoncer le chef de l’Etat, lui qui avait promis de "se réinventer" pour que "le jour d’après ne ressemble pas au jour d’avant" ? Deux ans avant la présidentielle, quel cap allait-il fixer, quel chemin allait-il montrer ? Plus social et moins libéral ? Plus écologique ?

Les instruments dont dispose le président de la République étant variés mais comportant tous des risques, certains ont évoqué un référendum, y compris à plusieurs questions, quitte à prendre le risque que les Français répondent davantage à celui qui pose la question qu’à la question elle-même. D’autres parlaient d’une dissolution. Jacques Chirac l’a tentée sur les conseils de Dominique de Villepin en 1997 avec le résultat inverse de celui attendu : une cohabitation de cinq ans avec Lionel Jospin. Certains enfin tablaient sur l’annonce classique d’un remaniement, plus aisé bien sûr, mais tellement attendu. Et cette semaine, la folle rumeur d’une démission de la présidence pour se représenter dans la foulée et reconquérir l’Elysée a agité le microcosme politique.

Las ! Hier après une intervention calibrée de 30 minutes, Emmanuel Macron nous a comme laissé s sur notre faim. Pas d’annonce choc, pas de message historique, pas de "réinvention" spectaculaire. Le chef de l’Etat s’est contenté finalement – mais ce n’est pas rien ! – d’acter la fin du confinement, estimant, à raison que "Nous allons retrouver pour partie notre art de vivre, notre goût de la liberté. En somme, nous allons retrouver pleinement la France".

Si Emmanuel Macron a eu des mots forts – mais attendus – en hommage au comportement des Français durant l’épidémie, ou en réaction aux manifestations contre le racisme et les violences policières, il aura juste esquissé l’acte III de son quinquennat : "Retrouver notre indépendance pour vivre heureux et vivre mieux". Un plan qui passera par la volonté de "reconstruire une économie forte, écologique, souveraine et solidaire" dans un cadre européen. Un plan d’évidence difficile à bâtir, car pour Emmanuel Macron il s’agit de ne rien renier des débuts plus libéraux du quinquennat tout en endossant désormais les habits d’un Président plus protecteur, plus social et plus écologique. En convaincra-t-il les Français ? Rendez-vous en juillet.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 15 juin 2020)

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