La fin effective du confinement et le passage de la France métropolitaine en vert ont permis au président de la République d’annoncer dimanche soir la réouverture complète des crèches, des écoles et collèges pour lundi 22 juin, "de manière obligatoire et selon les règles de présence normale." Pour la communauté éducative s’achèvera ainsi dans six jours une longue période aussi inédite qu’historique, qui l’aura mise à rude épreuve.
Épreuve d’abord lors du confinement où il a fallu mettre en place en un temps record la classe à la maison, une solution d’urgence via internet. L’école à distance, à domicile, n’a pu fonctionner qu’avec le professionnalisme des enseignants qui se sont pliés en quatre, parfois avec peu de moyens et en endurant les bugs de la plateforme, pour conserver les liens avec leurs élèves et entre leurs élèves. Beaucoup auraient apprécié dimanche un hommage présidentiel à leur engagement… Cette classe à la maison a aussi été possible grâce aux parents d’élèves qui se sont transformés du jour au lendemain en professeurs de leurs enfants, du mieux qu’ils ont pu.
Épreuve ensuite pour l’école à partir du 11 mai lors du déconfinement et de la complexe réouverture partielle des classes, avec un protocole sanitaire draconien qui s’est révélé pour beaucoup de maires un vrai casse-tête. Une date décidée et assumée par Emmanuel Macron au nom de la lutte contre le décrochage scolaire, qui s’est fait jour pour près de 500 000 enfants. Décision critiquée car certains y ont surtout vu le moyen de faire revenir plus vite les parents au travail, mais décision éminemment nécessaire car au-delà de l’apprentissage, de la découverte et de la transmission des savoirs, l’école est un lieu de socialisation où se construisent peu à peu les conduites propres à l’exercice de la citoyenneté.
Le retour à la normale pour l’école le 22 juin – ne serait-ce que pour deux semaines – est donc une bonne chose pour peu que le protocole sanitaire soit allégé tout en garantissant la sécurité des élèves et des personnels. Ce retour doit aussi signer la prééminence de l’Education nationale. Car on a vu émerger pendant le confinement une multitude de solutions de soutien plus ou moins sérieuses, des expérimentations que certains voudraient bien pérenniser. On voit ici et là fleurir des écoles alternatives avançant pêle-mêle les noms prestigieux de Montessori et Freinet. À l’heure où l’on parle d’universalisme, il n’est pas inutile de rappeler l’importance et le rôle unique et irremplaçable de l’école républicaine laïque, gratuite et obligatoire.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 17 juin 2020)