Photo Pierre Challier |
Le déconfinement qui a commencé il y a un mois signifie aussi le retour au débat démocratique sur tous les domaines qui avaient été mis sous l’éteignoir. Celui autour des très controversées chasses traditionnelles vient de reprendre d’une façon spectaculaire avec la tribune d’une soixantaine de parlementaires appelant à ce que la France mette un terme à des chasses jugées aussi cruelles que contraires à l’aspiration de la majorité des Français à prendre en compte le bien-être animal et la protection de la biodiversité. Déterrage des blaireaux, chasse à la glu ou à la tendelle, les députés et sénateurs veulent en finir avec ces pratiques "archaïques" qui provoquent "un stress majeur, une mise à mort souvent indigne et/ou une dimension non sélective qui frappe des espèces non-cibles, parfois protégées." Et d’appeler à ce que la chasse du XXIe siècle soit " moderne et éthique", et bien sûr compatible avec les textes européens de protection des oiseaux signés par la France.
Cette polémique sur les chasses traditionnelles agace, à raison les représentants des chasseurs, qui y voient une nouvelle tentative de discréditer la chasse dans son ensemble à l’heure où les demandes de permis sont en hausse. Ces chasses traditionnelles – pratiquées par une petite minorité de personnes arc-boutées sur "la tradition", mais qui donnent aussi lieu à du braconnage – ne reflètent en rien, estiment-ils, les engagements des chasseurs pour la nature. La gestion et la régulation des espèces, l’entretien et l’aménagement des milieux, la participation à des interventions sanitaires sont autant d’actions bénévoles menées par les chasseurs qui contribuent, assurent-ils, à la préservation des milieux.
Dès lors pour mieux mettre en avant ces actions importantes et reconnues, ne serait-il pas temps d’évoluer sur le sujet, d’aller dans le sens de l’histoire, et d’arrêter les pratiques qui nuisent à l’image de la chasse ?
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 14 juin 2020)