Accéder au contenu principal

Résilience

decazeville
Decazeville. Photo Dr Brains 


Depuis la fusion en 2013 de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon, la région Occitanie apparaît comme une région dynamique, attractive, pleine d’avenir entre mer et montagne. L’aéronautique à Toulouse, le littoral méditerranéen sont des atouts qui séduisent chaque année de nouveaux habitants, c’est incontestable. Mais derrière l’énergie de cette vaste région se trouve aussi une autre réalité que vient souligner la dernière enquête publiée par l’Insee hier. Depuis 50 ans, en effet, des territoires d’Occitanie se dépeuplent au sein même de nos 13 départements, faute d’emplois suffisants pour permettre à ceux qui le souhaitent de rester au pays ou à d’autres de vouloir s’y installer. 63 des 215 bassins de vie – cette unité correspondant au plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants – sont ainsi en souffrance depuis plusieurs années après avoir été des poumons de la région.

Decazeville, Carmaux, Lavelanet, Mazamet, Saint-Affrique ou Saint-Girons… : autant de noms qui font résonner les grandes heures d’une histoire industrielle française glorieuse, qui s’est achevée dramatiquement par des secteurs sinistrés dans les mines, la métallurgie, le textile ou le cuir. La fin de ces activités s’est produite en même temps que l’agriculture – autre bastion économique en Occitanie – s’est radicalement transformée, voyant les exploitations s’agrandir et se mécaniser. La vie dans ces bassins en a été durablement bouleversée, leur développement socio-économique en a été foncièrement entravé.

En dépit de leur histoire et de leur situation actuelle, ces territoires perdus d’Occitanie ont fait preuve d’une résilience remarquable. Ceux qui y vivent n’ont cessé de se réinventer, d’innover, d’avancer avec une solidarité et une volonté qui forcent le respect, et un sens de l’entraide que la crise du Covid-19 a parfaitement souligné. À l’heure où se construit le Monde d’après, où l’on parle de relocalisations et de circuits courts, ces 63 territoires occitans méritent plus que jamais toute notre attention et le soutien des décideurs.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 13 juin 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Fragilités

Les images que les Français ont découvertes cette semaine à l’occasion des violentes intempéries qui ont frappé le Sud-Ouest étaient spectaculaires : un TGV comme suspendu dans le vide, reposant sur des rails sous lesquels le ballast a été emporté par des flots déchaînés. Inouï comme le nom du train qui transportait quelque 500 passagers qui se souviendront longtemps de leur voyage et de leur évacuation en pleine nuit à Tonneins – parfaitement maîtrisée par les secours, les personnels de la SNCF et les agents de la ville. Le jour d’après, à l’issue du remorquage du TGV, avait des allures de gueule de bois pour tout le monde devant les dégâts considérables sur la voie de chemin de fer. 200 mètres sont complètement à refaire, les pluies torrentielles ayant emporté la terre du remblai, la sous-couche et le ballast. Et si les travaux ont commencé dès après les orages, ils vont être longs, bloquant la liaison entre Toulouse et Bordeaux. La SNCF mise sur une reprise du trafic entre le me...