Accéder au contenu principal

Espoir et inquiétude

journal


Le coup de théâtre survenu au début du mois dans l’affaire de la disparition de la petite Maddie est à la fois porteur d’espoir et d’inquiétude.

Porteur espoir pour toutes les familles en quête de vérité qui vivent au quotidien la douleur d’avoir perdu un enfant, un proche dont elles sont sans nouvelles depuis parfois des années, ou bien qui endurent l’attente de voir le meurtrier de leur enfant arrêté et jugé pour pouvoir faire leur deuil. Ces parents, comme ceux de la petite Maddie, refusent de baisser les bras et affrontent avec dignité la lenteur et la complexité des enquêtes, souvent minées par de fausses pistes. Les familles des victimes peuvent heureusement compter sur la détermination et la ténacité des enquêteurs, policiers et gendarmes, des juges d’instruction ou des associations qui ne peuvent se résoudre à ce que des disparitions d’enfants ou d’adultes ne deviennent des "cold cases", ces affaires irrésolues qui restent suspendues, parfois des années, avant la découverte d’un fait nouveau de nature à les relancer, sous un éclairage différent. Chaque année, le ministère de l’Intérieur, en, France, enregistre en moyenne plus de 40 000 disparitions. Si 30 000 personnes sont retrouvées, 10 000 disparitions sont classées inquiétantes dont un dixième concerne des mineurs.

Si le dernier rebondissement dans l’affaire Maddie montre qu’il ne faut donc jamais désespérer pour que la vérité éclate, il souligne aussi les failles de ces enquêtes hors normes, particulièrement lorsque celles-ci ont une dimension internationale. Que le principal suspect dans la disparition de Maddie ait pu échapper à une arrestation il y a sept ans et n’ait jamais été inquiété en dépit des éléments l’incriminant découverts au fil des ans, pose question. L’enquête devra déterminer si cela relève d’un terrible raté isolé ou si les moyens mis en œuvre au niveau européen pour lutter efficacement contre les réseaux pédophiles sont insuffisants.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 21 juin 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

Guerres et paix

La guerre menace encore une fois le Pays du Cèdre, tant de fois meurtri par des crises à répétition. Les frappes israéliennes contre le sud du Liban et les positions du Hezbollah ravivent, en effet, le spectre d’un nouveau conflit dans cette Terre millénaire de brassage culturel et religieux. Après quinze années de violence qui ont profondément marqué le pays et ses habitants (1975-1990), la paix est toujours restée fragile, constamment menacée par les ingérences étrangères, les divisions communautaires et une classe politique corrompue. La crise économique sans précédent qui frappe le pays depuis 2019, puis l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020, symbolisant l’effondrement d’un État rongé par des décennies de mauvaise gouvernance, ont rajouté au malheur de ce petit pays de moins de 6 millions d’habitants, jadis considéré comme la Suisse du Moyen-Orient. Victime d’une spectaculaire opération d’explosion de ses bipeurs et talkies-walkies attribuée à Israël, le Hezbollah – ...

Le prix de la sécurité

C’est l’une des professions les plus admirées et respectées des Français, celle que veulent exercer les petits garçons et aussi les petites filles quand ils seront grands, celle qui incarne au plus haut point le sens de l’intérêt général. Les pompiers, puisque c’est d’eux dont il s’agit, peuvent évidemment se réjouir de bénéficier d’une telle image positive dans l’opinion. Celle-ci les conforte et les porte au quotidien mais si elle est nécessaire, elle n’est plus suffisante pour faire face aux difficultés qu’ils rencontrent au quotidien, opérationnelles, humaines et financières. Opérationnelle d’abord car leurs missions ont profondément changé et s’exercent avec plus de contraintes. De l’urgence à intervenir pour sauver des vies – presque 9 opérations sur 10 – on est passé à des interventions qui ne nécessitent parfois même pas de gestes de secours et relèvent bien souvent davantage de la médecine de ville voire des services sociaux. C’est que les pompiers sont devenus l’ultime recour...

Facteur humain

  Dans la longue liste de crashs aériens qui ont marqué l’histoire de l’aviation mondiale, celui de l’Airbus A320 de la Germanwings, survenu le 24 mars 2015, se distingue particulièrement. Car si le vol 9525, reliant Barcelone à Düsseldorf, a percuté les Alpes françaises, entraînant la mort de 150 personnes, ce n’est pas en raison d’une défaillance technique de l’appareil ou d’un événement extérieur qui aurait impacté l’avion, mais c’est à cause de la volonté du copilote de mettre fin à ses jours. L’enquête, en effet, a rapidement révélé que celui-ci, souffrant de problèmes de santé mentale non décelés par les procédures en vigueur, avait volontairement verrouillé la porte du cockpit, empêchant ainsi le commandant de bord de reprendre le contrôle de l’appareil. Ainsi, ce crash singulier touche au point le plus sensible qui soit : la confiance des passagers dans les pilotes à qui ils confient leur vie. C’est pour cela que cette tragédie a eu un tel impact sur l’opinion publique et a...