Canetons mulards élevés en semi liberté. Photo Ethique & Animaux L214 |
Les différents plans de relance et de soutien égrenés ces dernières semaines par le gouvernement ont touché les secteurs clés de l’économie française : automobile, tourisme, numérique, aéronautique, etc. Des milliards d’euros ont été débloqués pour soutenir, à raison, ces grands secteurs en difficultés après le long confinement imposé par l’épidémie de coronavirus et sauver de la récession qui vient un maximum d’emplois. D’autres filières pourtant, plus modestes en nombre, vivent également des jours difficiles et la filière du foie gras en est assurément une. D’autant plus que cette dernière, qui fait vivre environ 30 000 familles, notamment dans des zones rurales, et représente près de 100 000 emplois directs et indirects – ce n’est pas rien – essuie cette saison une multitude de déconvenues économiques et sociétales qui font de 2019-2020 une annus horribilis.
Le premier écueil vient des conséquences de la loi sur l’Alimentation, dite loi Egalim. Cette loi de fin 2018 qui vise à rétablir l’équilibre des relations commerciales entre producteurs et grande distribution, a durement touché la filière foie gras en encadrant les promotions que les grandes enseignes peuvent faire. Si un tel plafonnement est louable pour certains produits, pour le foie gras qui est très saisonnier, cela a constitué un premier coup dur.
Deuxième écueil, les actions des associations de défense des animaux, comme Peta et L214 et de nombreuses associations antispécistes, qui dénoncent à coups d’actions chocs ou de vidéos les méthodes de gavage jugées "cruelles et inhumaines"… sans tenir compte de tous les efforts des producteurs français pour prendre en compte le bien-être animal, contrairement à leurs "collègues" d’Europe de l’Est…
Troisième écueil, les menaces venant des Etats-Unis. Si le foie gras a échappé aux surtaxes décidées par Donald Trump fin 2019, il a été interdit de vente en Californie et plus récemment à New York.
Quatrième écueil, le confinement, donc, qui a fait fermer les restaurant dont l’activité permet d’écouler les stocks tout au long de l’année.
Enfin, cinquième écueil, le risque toujours présent d’un possible retour de la grippe aviaire. On se souvient que le virus H5N8 avait décimé les élevages français durant l’hiver 2016-2017 et porté un coup terrible aux producteurs.
On le voit, la filière du foie gras, du magret et du confit, fait donc face à de multiples difficultés.
Peut-on la laisser dans une telle situation ? Peut-on laisser péricliter une filière qui produit l’un des symboles de la gastronomie française, un mets qui remonte à l’Egypte ancienne, un élément inscrit à notre patrimoine culturel et gastronomique ?
Poser la question, c’est bien sûr y répondre. Et chacun de nous détient une clé de la réponse en consommant du foie gras hors de la seule période des fêtes de fin d’année et en privilégiant les producteurs locaux. Ils comptent sur nous.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 12 juin 2020)