Accéder au contenu principal

S'émerveiller

telescope

« L’astronomie est utile, parce qu’elle nous élève au-dessus de nous-même ; elle est utile, parce qu’elle est grande ; elle est utile, parce qu’elle est belle… » disait le mathématicien Henri Poincaré. La 32e édition de la Nuit des étoiles, qui se déroule ce week-end, nous invite, d’évidence, à contempler la beauté de l’univers, à (re) découvrir notre ciel, à avoir une approche d’émerveillement avec la science.

Depuis la survenue de l’épidémie de Covid-19 il y a deux ans, notre rapport avec la science a souvent été placé sous l’épée de Damoclès de l’angoisse, entre vaccins à ARN messager et fake news complotistes, tâtonnements de la recherche et prises de becs entre infectiologues. L’astronomie nous montre, au contraire, combien la science peut révéler la beauté qui entoure notre planète et donc nous révéler à nous-mêmes.

Les photos dévoilées par la NASA depuis juillet, prises par le nouveau télescope James Webb – le remplaçant du vénérable Hubble – le montrent bien. À la prouesse technique et scientifique d’avoir déployé dans l’espace le plus grand et le plus onéreux télescope jamais construit s’ajoute désormais l’éblouissement de découvrir des clichés de l’univers tel qu’on ne l’avait jamais vu. La constellation de la Carène, la Nébuleuse de l’anneau du Sud ou encore le Quintet de Stephan : autant d’horizons lointains, distants de milliers d’années-lumière de la Terre, qui nous apparaissent avec une finesse de détails que n’auraient jamais imaginés nos anciens.

Ces découvertes participent de la longue histoire de l’astronomie qui, depuis l’Antiquité passionne et fascine. L’observation du ciel a, en effet, nourri autant la mythologie que la science, posé des problèmes scientifiques autant que des questionnements philosophiques sur la place de l’Homme dans l’immensité – « Sans l’astronomie, l’homme ignore la place qu’il occupe » relevait Aristote. En se retrouvant cette nuit et les nuits suivantes de ce mois d’août, à la belle étoile, pour observer la voûte céleste, les Français vont prolonger cette histoire millénaire.

Grande ourse, petite ourse, Andromède, Cassiopée, Pégase, Antarès, Voie Lactée ou Perséides… Autant de noms connus qui enchantent petits et grands et que l’on va tenter d’apercevoir ce soir, aidé par des centaines d’astronomes amateurs bénévoles ou par de grands scientifiques heureux de partager leurs connaissances avec le grand public. Car ce n’est pas la moindre des qualités de la Nuit des étoiles : cet événement populaire est aussi celui de la vulgarisation scientifique, de la transmission, du partage, des débats, que ce soit à la ferme des Étoiles de Fleurance, à la Cité de l’Espace de Toulouse ou au sommet du Pic du Midi dont l’observatoire, depuis 140 ans, est notre fierté.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 6 août 2022)

Posts les plus consultés de ce blog

Guerres et paix

La guerre menace encore une fois le Pays du Cèdre, tant de fois meurtri par des crises à répétition. Les frappes israéliennes contre le sud du Liban et les positions du Hezbollah ravivent, en effet, le spectre d’un nouveau conflit dans cette Terre millénaire de brassage culturel et religieux. Après quinze années de violence qui ont profondément marqué le pays et ses habitants (1975-1990), la paix est toujours restée fragile, constamment menacée par les ingérences étrangères, les divisions communautaires et une classe politique corrompue. La crise économique sans précédent qui frappe le pays depuis 2019, puis l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020, symbolisant l’effondrement d’un État rongé par des décennies de mauvaise gouvernance, ont rajouté au malheur de ce petit pays de moins de 6 millions d’habitants, jadis considéré comme la Suisse du Moyen-Orient. Victime d’une spectaculaire opération d’explosion de ses bipeurs et talkies-walkies attribuée à Israël, le Hezbollah – ...

Vaccin et vigilance

La résurgence de la coqueluche en France comme ailleurs en Europe a de quoi inquiéter. En France depuis le début de l’année, un total provisoire de 28 décès a été rapporté à Santé Publique France, dont 20 enfants (18 de moins de 1 an) et 8 adultes (de 51 à 86 ans mais dont la coqueluche n’était pas indiquée comme première cause de décès). La circulation de la bactérie Bordetella pertussis, principale cause de la coqueluche, est si importante que les autorités s’attendent à de nouveaux cas à venir dans les prochains mois. Car la coqueluche est extrêmement contagieuse, une personne contaminée pouvant transmettre la maladie à 15 autres en moyenne… Et si elle a longtemps été considérée comme une maladie de la petite enfance, elle peut être sévère à tous les âges, voire mortelle pour les nourrissons, non ou partiellement vaccinés, et les personnes à risque telles que les femmes enceintes et les personnes âgées. Ce n’est pas la première fois que l’on est confronté à une résurgence de la coqu...

En marche

    Depuis douze siècles des pèlerins convergent vers Saint-Jacques-de-Compostelle qui, avec Jérusalem et Rome, est l’un des lieux des trois grands pèlerinages de la Chrétienté. Mais ceux qui marchent aujourd’hui sur les chemins de Compostelle ne le font pas seulement au nom de leur foi et n’arrivent pas forcément à la destination finale en Espagne. Les pèlerins du XXI e  siècle ne font souvent qu’une partie seulement de l’itinéraire millénaire avec des motivations bien plus diverses. Passionnés de randonnée pédestre, amoureux des paysages ou des monuments qui jalonnent le parcours désormais bien balisé et en partie classé au patrimoine mondial de l’Unesco, certains cheminent seuls, en couple ou en groupe pour accomplir une promesse personnelle, honorer un proche, rencontrer d’autres pèlerins de toutes nationalités ou tout simplement pour se retrouver soi-même. Car la marche est bonne pour le corps et l’esprit. « Les seules pensées valables viennent en marchant...