Depuis le début de l’année, les prix à la consommation ne cessent de grimper. Après une hausse continue de +2,9 % sur un an en janvier à +6,1 % en juillet, on s’achemine vers une inflation qui dépasserait les 7 % en septembre et jusqu’à la fin de l’année. Autant dire que la rentrée s’annonce chère pour les Français dans tous les domaines de leurs budgets : énergie, rentrée scolaire ou alimentation. Concernant ce dernier poste, les Français ont déjà pu mesurer une hausse des prix sur les fruits et les légumes. Qu’elle soit de +11 % en un an sur un panier moyen de 9 fruits et 10 légumes issus de l’agriculture conventionnelle et de l’agriculture biologique, selon le dernier Observatoire des prix de l’association Familles rurales, ou qu’elle soit contenue à environ 5 % ou moins comme l’affirment les professionnels du secteur, cette augmentation des prix des abricots ou des pêches, des courgettes ou des poivrons est évidemment difficile à encaisser par les ménages.
Elle pourrait se poursuivre à la rentrée en raison des conséquences de la sécheresse historique qui frappe le pays. Le manque d’eau, les restrictions d’usages, qui touchent quasiment tous les départements, mettent en difficulté les cultures. Les rendements s’en trouveront affectés et, in fine, les prix affichés sur les étals. On peut certes remplacer un fruit ou un légume trop cher par d’autres, regarder les promotions ou faire jouer les circuits courts et les bons plans, mais, selon Famille de France, il devient de plus en plus difficile de suivre la prescription du Programme national nutrition santé qui recommande « 5 fruits et légumes par jour ». Par ailleurs la sécheresse a conduit les agriculteurs à ne pas avoir assez d’herbe pour leurs vaches laitières qui produiront donc moins de lait. Cette pénurie, et en suivant celle de tous les dérivés du lait (beurre, crème, fromages…), va aboutir à une inéluctable hausse du prix des produits laitiers.
Cette situation nourrit l’inquiétude des consommateurs et des producteurs. Inquiets, les consommateurs les plus modestes attendent sans doute le versement du chèque alimentaire, rebaptisé aide exceptionnelle de rentrée, d’un montant de 100 euros et 50 euros par enfant à charge. Un décret doit en préciser les modalités. De leur côté les agriculteurs, qui subissent déjà le coût des matières premières, craignent de voir leurs marges fondre ; et s’inquiètent pour leur avenir, certains d’entre eux ayant décidé, la mort dans l’âme, de se séparer de leurs troupeaux…
L’inflation galopante et les bouleversements climatiques ne sont pas des épiphénomènes. Ils imposent aujourd’hui – au-delà des aides ou subventions d’urgences, aussi nécessaires soient-elles – de trouver de nouveaux équilibres, de nouveaux partages des ressources, de nouvelles organisations entre producteurs, consommateurs, distributeurs. « Le climat change : changeons ! » lance Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Ce mot d’ordre s’impose à toute la société et devrait être la boussole du « plan national d’adaptation » au dérèglement climatique promis par Elisabeth Borne.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 18 août 2022)