Face à la sécheresse historique qui frappe la France, la Première ministre Elisabeth Borne a décidé hier de sonner la mobilisation générale en activant la cellule interministérielle de crise (CIC). Il était temps… Car depuis plusieurs jours maintenant, le pays – qui va subir la semaine prochaine sa 4e vague de chaleurs caniculaires – affronte une situation inédite après un mois de juillet qui a été le plus sec jamais observé depuis 1959… Conséquence du déficit hydrique : plus d’une centaine de communes en France n’ont aujourd’hui plus d’eau potable et doivent s’astreindre pour économiser l’eau à de très contraignantes restrictions, qui pèsent sur la vie quotidienne des habitants… Des situations qui pourraient se multiplier si la cellule de crise décide de déclencher dans les prochains jours des plans Orsec « Eau » pour les territoires les plus touchés.
Mais au-delà de l’urgence du moment – sur laquelle les associations écologiques ou les experts du climat ont alerté depuis longtemps en réclamant davantage d’anticipation – il est évident qu’il va falloir aller plus loin, tous les scientifiques s’accordant à dire que les épisodes de sécheresse intense se multiplieront dans les années à venir. La Première ministre, qui est chargée depuis sa nomination de piloter la Planification écologique et énergétique, en est certainement consciente. Rappelant hier que, « dès mai 2022, le comité d’anticipation et de suivi hydrologique (CASH) avait été réuni », Elisabeth Borne a appelé les Français « à être très vigilants quant à l’utilisation de nos ressources en eau » et a invité les commissions locales de l’eau et structures assimilées à « organiser un dialogue local sur la priorisation des usages en cas de nécessité ».
Car c’est bien là le nœud du problème : la ressource en eau se raréfiant, il va falloir apprendre à la partager pour répondre aux besoins de tous et, le cas échéant, opérer les transformations nécessaires… Une vraie gageure mais aussi le défi de notre temps. Satisfaire tout le monde ne sera évidemment pas possible et il va falloir trouver le subtil équilibre entre les besoins de l’agriculture, ceux de la population et la préservation de la biodiversité, faune et flore. Des solutions existent : la FNSEA, les associations de défense de l’environnement, les industriels de l’eau ou les Agences de l’eau, tous ont réfléchi à des pistes, des solutions concrètes pour économiser, ne pas gâcher et distribuer le plus équitablement possible l’eau.
Cette pénurie d’eau qui menace, tout comme les incendies qui ont ravagé plus de 47 000 hectares depuis le début de l’année – un record – montrent qu’il est plus que temps désormais de fixer une feuille de route écologique globale et ambitieuse autour de la lutte contre le réchauffement climatique dans toutes ses composantes et d’y adjoindre les fonds nécessaires. Pour le gouvernement, cela devrait paraître bien plus urgent qu’un énième projet de loi sur l’immigration à la rentrée ou qu’une réforme des retraites à l’utilité controversée…
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 6 août 2022)