Basilique Notre-Dame du Rosaire de Prouilhe à Fanjeaux |
Cinq ans après son lancement, la Mission Patrimoine pour la sauvegarde du patrimoine en péril – portée avec la passion communicative de l’animateur Stéphane Bern, intronisé Monsieur Patrimoine par Emmanuel Macron – a d’ores et déjà été accomplie. Avec la centaine de nouveaux sites départementaux lauréats de la sélection 2022, dévoilés hier, la Mission, déployée de façon opérationnelle par la Fondation du patrimoine, a, en effet, permis depuis 2018 de soutenir plus de 700 projets de restauration partout en France. Le Loto du patrimoine permettant d’abonder le budget de la Fondation à hauteur de quelque 30 millions d’euros en 2021.
Loin des très grands sites classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, ou des grands sites classés monuments historiques par l’État ou inscrits à son inventaire supplémentaire, loin aussi des labels régionaux comme le prestigieux label des grands sites d’Occitanie, les dossiers sélectionnés par la Mission Bern chaque année depuis cinq ans mettent au contraire en lumière des monuments plus modestes mais pas moins essentiels. Un « petit » patrimoine qui fait le quotidien des Français. Vernaculaire, très local et donc la plupart du temps méconnu, souvent rural, ce patrimoine-là mobilise pourtant au quotidien à son chevet les bonnes volontés des bénévoles de petites associations qui font un long travail de restauration ou de préservation. Sans beaucoup de moyens, parfois avec quelques subventions des collectivités territoriales et souvent avec la générosité de quelques donateurs ou la billetterie des visites, ces associations se donnent sans compter pour préserver un pan de l’histoire locale. Ici un moulin, là une petite chapelle, ailleurs un château en ruine dont on veut éviter que le temps n’efface les traces…
Les bénévoles se mobilisent avec le seul intérêt de faire connaître leur patrimoine de cœur, de transmettre la mémoire du lieu comme de ceux qui y ont vécu, mais aussi de développer économiquement et touristiquement leur territoire. Car si le patrimoine est une richesse mémorielle, historique, son entretien et sa restauration sont aussi l’occasion de créer des emplois non-délocalisables, de faire perdurer des métiers artisanaux et des savoir-faire, et au final de susciter une activité touristique qui amène ou ramène du dynamisme dans de nombreux territoires. La Mission Bern n’a bien sûr pas enclenché ce cercle vertueux – il existe depuis longtemps – mais elle lui a assurément donné la médiatisation et le coup de projecteur qui lui manquait.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 30 août 2022)