Le Taj Mahal en Inde, le Machu Picchu au Pérou, le parc national américain de Yellowstone, les pierres de Stonehenge en Angleterre, la statue de la Liberté à New York, la cité antique de Pétra en Jordanie, le temple égyptien d’Abou Simbel, les villages italiens des Cinque Terre, ou, en France, le château de Versailles, le site des Pyrénées-Mont Perdu ou la cité épiscopale d’Albi : tous ces sites figurent au patrimoine mondial de l’Unesco, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, dont le siège est à Paris. Obtenir de figurer dans cette prestigieuse liste qui comprend aujourd’hui quelque 1 154 biens culturels ou naturels dans 167 pays – dont 49 en France –, c’est s’inscrire pleinement dans l’histoire de l’Humanité, c’est la reconnaissance souvent d’un long travail de restauration, de préservation, de mise en valeur et de promotion. C’est être dépositaire d’un patrimoine dont la valeur est reconnue comme inestimable et qui doit être transmis aux générations futures. C’est aussi entrer dans une communauté internationale rare, un cercle restreint d’excellence qui honore et qui oblige.
r depuis l’adoption de la convention du 16 novembre 1972, une inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco n’est pas un chèque en blanc et contraint à un certain nombre d’actions comme assurer la conservation efficace des biens classés, au risque de se voir retirer le label. Les sites classés sont ainsi pour cela accompagnés par les experts de l’Unesco.
Dpuis cinquante ans, le classement Unesco a beaucoup évolué pour tenir compte d’une meilleure représentativité. Centrées au début sur les grands sites patrimoniaux incontournables et sur des sites européens, les inscriptions se sont progressivement diversifiées, reconnaissant le caractère unique de lieux, monuments ou sites partout dans le monde. Ce rééquilibrage était nécessaire même s’il a pu donner lieu à des batailles géopolitiques auxquelles les Nations unies sont habituées. Car un classement – on l’a vu avec Albi – porte aussi en lui un développement et des retombées touristiques et économiques importants.
Cette volonté de diversification des sites classés ne doit toutefois pas exclure les pays déjà « gâtés » par des inscriptions au patrimoine mondial. Et, en l’occurrence, on comprendrait mal que la Maison Carrée de Nîmes, qui représente avec Rome l’un des témoignages urbains les plus complets en Occident de la civilisation romaine, ne voit pas sa nouvelle candidature honorée par un classement.
Cinquante ans après la convention Unesco, le patrimoine mondial est confronté aujourd’hui à de nouveaux défis : le changement climatique et le tourisme de masse qui contraint certains sites à limiter leur accès à un nombre prédéfini de visiteurs. Ces deux thèmes seront au cœur de la Conférence de Delphes en octobre prochain pour éviter que les chefs-d’œuvre du monde soient le moins possible en péril et restent bien accessibles équitablement à l’Humanité tout entière.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 20 août 2022)