Accéder au contenu principal

Double choc

krach


Au fur et à mesure que les jours passent, l’épidémie du coronavirus, qui sature médiatiquement – à tort ou à raison – le débat public, bouleverse notre société et le quotidien des Français avec deux chocs majeurs.

Le premier est, logiquement, sanitaire avec la perspective imminente de passer en phase 3, c’est-à-dire celle où le virus circule massivement dans le pays et ne peut plus être freiné par des mesures de quarantaine ou d’interdiction de rassemblements à partir d’une certaine jauge. Cette phase 3 constituera un choc sanitaire très important pour notre système hospitalier, heureusement plus armé que celui de l’Italie. Comment faire face au coronavirus tout en continuant à soigner les autres patients dont certains sont atteints de pathologies chroniques ou graves sera l’un des défis de notre système de santé. Une nouvelle stratégie devra rapidement se mettre en place car on ne pourra hospitaliser tous les porteurs du virus au risque de saturer les hôpitaux.

Le second choc est économique. Lorsque la Chine, atelier du monde, s’est retrouvée en quarantaine, on a vu le ralentissement de nombreux secteurs comme le tourisme, l’automobile, l’industrie high-tech, les médicaments, etc. dépendants de l’activité ou de la production chinoises. Mais une fois l’épidémie disséminée dans le monde, elle impacte directement les économies de chaque pays touché et effraie les places boursières qui cèdent davantage à la panique que les populations, au risque d’entraîner un krach…

L’impact du coronavirus sur l’économie de la France – 5e pays qui compte le plus de personnes contaminées au monde – devrait être de plusieurs dixièmes de points de PIB, selon le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, qui a annoncé hier des mesures pour venir à aide à des secteurs déjà sinistrés comme le tourisme, l’hôtellerie et l’événementiel, qui comprend tout type de rassemblements, salons professionnels, spectacles, rencontres sportives, etc.

Bruno Le Maire en appelle à une nécessaire "solidarité nationale" notamment de la part des grandes entreprises vis-à-vis de leurs sous-traitants et des bailleurs vis-à-vis des commerçants en difficulté. Bercy a également appelé l’ensemble du secteur bancaire et financier à la mobilisation pour surmonter cette crise qui s’annonce aussi sévère que celle des subprimes de 2008.

Les banques seraient d’ailleurs bien inspirées de jouer le jeu pour amortir le choc économique du coronavirus et ses conséquences socio-économiques, en se rappelant qu’en 2008, c’est l’Etat – donc, la société – qui est venu à leur rescousse…


(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 10 mars 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

Guerres et paix

La guerre menace encore une fois le Pays du Cèdre, tant de fois meurtri par des crises à répétition. Les frappes israéliennes contre le sud du Liban et les positions du Hezbollah ravivent, en effet, le spectre d’un nouveau conflit dans cette Terre millénaire de brassage culturel et religieux. Après quinze années de violence qui ont profondément marqué le pays et ses habitants (1975-1990), la paix est toujours restée fragile, constamment menacée par les ingérences étrangères, les divisions communautaires et une classe politique corrompue. La crise économique sans précédent qui frappe le pays depuis 2019, puis l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020, symbolisant l’effondrement d’un État rongé par des décennies de mauvaise gouvernance, ont rajouté au malheur de ce petit pays de moins de 6 millions d’habitants, jadis considéré comme la Suisse du Moyen-Orient. Victime d’une spectaculaire opération d’explosion de ses bipeurs et talkies-walkies attribuée à Israël, le Hezbollah – ...

Le prix de la sécurité

C’est l’une des professions les plus admirées et respectées des Français, celle que veulent exercer les petits garçons et aussi les petites filles quand ils seront grands, celle qui incarne au plus haut point le sens de l’intérêt général. Les pompiers, puisque c’est d’eux dont il s’agit, peuvent évidemment se réjouir de bénéficier d’une telle image positive dans l’opinion. Celle-ci les conforte et les porte au quotidien mais si elle est nécessaire, elle n’est plus suffisante pour faire face aux difficultés qu’ils rencontrent au quotidien, opérationnelles, humaines et financières. Opérationnelle d’abord car leurs missions ont profondément changé et s’exercent avec plus de contraintes. De l’urgence à intervenir pour sauver des vies – presque 9 opérations sur 10 – on est passé à des interventions qui ne nécessitent parfois même pas de gestes de secours et relèvent bien souvent davantage de la médecine de ville voire des services sociaux. C’est que les pompiers sont devenus l’ultime recour...

Machine à cash et à rêves

Qui n’a jamais rêvé d’être un jour le gagnant du loto, que l’on soit celui qui joue depuis des années les mêmes numéros en espérant qu’un jour ils constituent enfin la bonne combinaison ou que l’on soit même celui qui ne joue jamais mais qui se projette malgré tout dans la peau d’un gagnant, énumérant ce qu’il ferait avec ces centaines de millions d’euros qui grossiraient son compte en banque. Chacun se prend ainsi à rêver de vacances éternelles au soleil, de voyages au long cours, de montres de bijoux ou de voitures de luxe, de yachts XXL naviguant sur des mers turquoise, de grands restaurants étoilés ou plus simplement de réaliser ses projets longtemps différés faute de financements, de l’achat de sa maison au lancement de son entreprise, ou encore de partager ses gains avec sa famille ou avec ses collègues avec lesquels on a cotisé pour acheter le bulletin. Le loto, c’est une machine à rêver à laquelle chacun s’est adonné une fois dans sa vie et qui rythme toujours le quotidien des ...