Depuis trois mois, l’épidémie de coronavirus apparaît comme un révélateur des faiblesses et des failles des Etats, mais aussi de leur capacité de mobilisation et de la résilience de leurs populations face à une pandémie qui bouleverse des pans entiers de la vie de millions de personnes.
Révélateur en Chine d’abord. Dès les prémices de l’épidémie à Wuhan, le coronavirus a ainsi montré combien la censure et la surveillance implacables mises en place par un régime aussi autoritaire que bureaucratique ont fait que l’information des populations a été retardée, laissant ainsi le virus se propager. Depuis, la Chine a largement corrigé le tir, révélant pour le coup une formidable capacité de réaction au point que les restrictions dans la province du Hubei ont été partiellement levées hier.
Révélateur en Italie, ensuite. La décision de Giuseppe Conte de confiner non seulement les régions les plus touchées par l’épidémie mais le pays entier, soit plus de 60 millions de personnes – une décision rarissime en temps de paix pour une démocratie – afin d’endiguer l’explosion des cas positifs au coronavirus, souligne combien les infrastructures sanitaires italiennes, pour modernes quelles soient, sont sous-dimensionnées.
Révélateur pour l’Europe aussi. Face à une telle épidémie on aurait aimé une réponse forte, coordonnée, d’ampleur et rapide de l’Union européenne. « L’Europe, quel numéro de téléphone ? », raillait en 1970 l’Américain Henry Kissinger. Cinquante ans plus tard, on cherche encore le numéro… « Pour faire face au Covid-19, l’union fait la force. J’appelle nos partenaires européens à une action urgente pour coordonner les mesures sanitaires, les efforts de recherche et notre réponse économique », plaidait Emmanuel Macron. En vain jusqu’à hier soir où ont – enfin – été décidées des premières mesures.
Enfin, pour la France, le coronavirus révèle – pour l’instant en tout cas – le sérieux des autorités politiques et sanitaires dans la gestion des cas et la préparation de la phase 3 de l’épidémie, mais aussi le sang-froid de la majorité des Français. Gageons que cet état d’esprit perdurera, car nous ne sommes qu’au début de cette épidémie…
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 11 mars 2020)