Fusionnel, passionnel, conflictuel, impossible, invivable, infernal, chien et chat ou inséparable : la définition du couple est aussi diverse qu’il y a de couples, qu’ils soient hétéros ou homos, premier amour ou noces d’or. Le couple est un continent qui regorge perpétuellement de terra incognita et qui, depuis toujours, inspire la littérature, le cinéma ou la télévision. De Titus et Bérénice à Rhett Butler et Scarlett O’Hara, de Colin et Chlo à Jane Eyre et Edouard Rochester, de Bonny and Clyde à un Gars une fille, d’Harold et Maud à Scène de ménages. Mais aujourd’hui, le couple va-t-il tenir ? Va-t-il résister à cette période de confinement inédite que ce satané coronavirus nous impose. Contraint de vivre 24 heures sur 24 sous le même toit quand chacun avait ses habitudes, son rythme, ses activités, tantôt seul tantôt à deux, le couple va-t-il résister pour ne pas sombrer dans une " Guerre des roses", cette comédie américaine de Danny DeVito où les amoureux Michael Douglas et Kathleen Turner finissent par se livrer une guerre sans merci ? Ou au contraire va-t-il se retrouver, se renforcer ? Nul ne le sait.
Plus sérieusement, les conséquences psychologiques du confinement vont assurément peser sur les couples – comme sur chaque individu – surtout s’ils sont parents de jeunes enfants à qui il faut désormais faire classe. Chaque couple est différent, chacun aura sa façon d’aborder cette période, en fonction de son tempérament et de ses moyens. Car vivre le confinement confortablement installé dans une maison avec jardin, ce n’est bien sûr pas la même chose que de le vivre dans un petit appartement. Beaucoup de couples chinois qui viennent de passer six semaines confinés ont décidé de divorcer, notamment parce que des femmes ont été battues et abusées par leur conjoint. C’est là le versant terrible du confinement lorsque le face-à-face oppose un bourreau et sa victime. C’est pour cela qu’il faut, avec les associations, redoubler d’attention envers celles – et ceux – qui sont potentiellement en situation de risque et les aider à tenir dans cette période vécue davantage comme celle de l’angoisse que comme celle des retrouvailles.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 29 mars 2020)