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Ecoutons les malades

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Alors que l’Europe s’alarme d’un rebond de l’épidémie du coronavirus avec une forte hausse des cas en Allemagne, une progression inédite en France depuis mai, ou encore une nouvelle vague en Espagne, l’heure n’est pas au relâchement dans les règles sanitaires, ces gestes barrière et cette distanciation physique que nous apprivoisons depuis six mois au moins. Le virus est toujours là et la maladie Covid-19 continue à faire des ravages, provoquant ici le décès de personnes âgées, là l’épuisement de malades qui souffrent et pour certains mettent beaucoup de temps à retrouver un état normal. Face à ce virus qui n’a pas livré tous ces mystères aux scientifiques, face à cette pandémie qui, faute de traitement efficace et de vaccin, met sous tension notre système hospitalier, nous nous devons d’entendre le vécu, la parole des malades.

Car depuis le début de l’épidémie, ils n’ont pas souvent été au centre de l’attention, comme si l’on voulait cacher la réalité de leur souffrance, les mettre à l’écart de nos pensées.

Au premier rang des acteurs qui ont occupé le devant de la scène, on a vu le président de la République, les membres du gouvernement, Premier ministre et ministre de la Santé en tête. On a vu aussi les fonctionnaires de la Santé dont le directeur général, le Pr Jérôme Salomon, est devenu une figure connue des Français. On a vu aussi une kyrielle d’experts sur les plateaux des chaînes d’information en continu s’exprimer souvent de façon très contradictoire et parfois jusqu’à la prise de becs. Chefs de service de grands hôpitaux parisiens en fonction ou retraités, infectiologues français ou étrangers, virologues, spécialistes des politiques de santé publique, sas oublier les toutologues en tous genres, se sont démultipliés jusque devant leur webcam à domicile.

On a vu, enfin, sur les réseaux sociaux, tous les complotistes se jeter sur le coronavirus pour échafauder des théories plus fumeuses les unes que les autres, douter de tout et accuser tout le monde, relayer des fake news et propager leur colère, par exemple pour réclamer à hauts cris des masques quand il n’y en avait pas et désormais hurler contre l’obligation d’en porter maintenant que ceux-ci disponible en quantité...

Dans ce tourbillon informationnel, la parole des malades de la Covid, les témoignages des personnes contaminées par le coronavirus, comme ceux que nous publions aujourd’hui, apparaissent dès lors d’autant plus importants. Leur sincérité et leur force nous placent tous devant nos responsabilités et nous rappellent que derrière les chiffres des cas positifs, des hospitalisations, des personnes en réanimation et des décès, égrenés depuis six mois, il y a des vies, des combats, des souffrances qui pourraient être les nôtres. Tout faire pour les éviter est donc, plus que jamais, à la fois un devoir collectif et une responsabilité civique individuelle.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 24 août 2020)


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