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Crash tests

 

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Après les masques, les tests de dépistage du coronavirus vont-ils devenir le nouveau caillou dans la chaussure du gouvernement ? Et surtout vont-ils connaître le même changement radical de communication que les masques qui, d’inutiles au début de la crise sanitaire, sont devenus aujourd’hui indispensables au point d’être fortement recommandés quand la distanciation sociale est impossible et même rendus obligatoires en extérieur par de plus en plus de communes ? Les tests semblent en tout cas relever de la même problématique.

"Testez, testez, testez !" avait recommandé l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) le 16 mars au début de la pandémie, traduisant un raisonnement simple : pour soigner, il faut tester ; pour détecter les malades et les isoler avant qu’ils ne contaminent leurs proches et leurs concitoyens, il faut tester ; pour circonscrire les clusters, il faut tester. Les pays qui testaient le plus leur population, comme l’Allemagne ou la Corée du Sud, sont d’ailleurs ceux qui contrôlaient le mieux l’épidémie.

Comme pour les masques, la France a fait la sourde oreille à la recommandation onusienne, expliquant l’inutilité des tests… pour ne pas avouer qu’il n’y en avait pas assez, faute de composants mais aussi à cause d’une incroyable complexité administrative. Une position qui a ensuite, heureusement, été amodiée pour arriver, fin avril, sur la stratégie "protéger-tester-isoler", présentée par Edouard Philippe. Le Premier ministre promettait alors 700 000 tests par semaine au 11 mai, intégralement pris en charge par l’Assurance maladie.

Presque trois mois plus tard, nous en sommes encore loin…

Mais plus que le chiffre absolu, c’est bien l’organisation même des tests qui semble coincer, à l’heure où la France connaît une recrudescence significative de cas et de clusters. Légitimement, les Français veulent se faire tester, soit parce qu’ils ressentent des symptômes, soit parce qu’ils sont de retour de voyage ou en partance vers l’étranger, soit tout simplement parce qu’ils sont inquiets. Les centres de prélèvements en nombre insuffisant sont pris d’assaut, les délais s’allongent dans les laboratoires en effectifs réduits durant l’été. Le conseil scientifique qui éclaire le gouvernement vient de recommander de "définir, clarifier et présenter rapidement une nouvelle doctrine d’utilisation des tests". Il y a urgence car dans la "guerre" contre le Covid-19, pour reprendre l’expression d’Emmanuel Macron, faute de vaccin et de traitement, nous n’avons que le masque comme bouclier et le test comme arme…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 8 août 2020)

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