La rentrée scolaire 2020 qui se prépare dès à présent relève à la fois du pari et du casse-tête. Pari parce que la crise sanitaire est loin d’être derrière nous. Pire, après des signaux inquiétants de hausse des contaminations au coronavirus ces dernières semaines, l’épidémie pourrait s’intensifier pour constituer à l’automne cette deuxième vague que prédisent de nombreux experts. Une situation de circulation "très active" du virus que tout le monde redoute de vivre et qui constitue l’un des trois scénarios de rentrée – le pire – élaborés par le ministère de l’Education nationale. L’objectif d’une rentrée à même d’accueillir tous les élèves est donc bien un pari politique, de même nature que celui qu’avait pris Emmanuel Macron en décidant – contre l’avis de certains experts – la réouverture des écoles le 11 mai dernier après un éprouvant confinement.
Cette rentrée inédite sous Covid-19 constitue aussi un casse-tête organisationnel et pédagogique pour tous les acteurs de la communauté éducative. Dans quelles dispositions seront les élèves, ces jeunes dont les enquêtes montrent qu’ils ont particulièrement souffert du confinement ? Les élèves décrocheurs – 500 000 jeunes tout de même – parviendront-ils à se remettre à niveau ? Les enseignants doivent-ils anticiper et se préparer à nouveau à faire classe à distance comme ils ont su le faire avec un professionnalisme qui force l’admiration pendant près de deux mois ?
De leur côté, les collectivités locales, communes, départements et régions, respectivement responsables des écoles, collèges et lycées, s’activent pour s’adapter à un protocole sanitaire qui a été allégé le 5 août dernier, rendant le port du masque obligatoire pour les élèves de plus de 11 ans, actant la fin de la distanciation physique dans les cours de récréation voire dans les espaces clos. Des mesures conformes aux recommandations du Haut Conseil de la santé publique.
"L’objectif prioritaire de cette rentrée est d’établir un cadre serein propice aux apprentissages et à la reprise de la vie collective", vient d’écrire Jean-Michel Blanquer dans sa circulaire de rentrée 2020, qui salue "la mobilisation de l’ensemble des personnels de l’Education nationale" qui a permis à la France d’avoir "l’un des plus faibles taux de décrocheurs en Europe, un enseignement à distance salué par les parents et l’un des déconfinements scolaires les plus volontaristes".
Si cette rentrée 2020, complexe à mettre en œuvre, est un pari et un casse-tête, elle est aussi capitale pour tous ces élèves qui constituent une véritable génération Covid. Plus que leurs prédécesseurs, ils doivent recueillir toute l’attention de l’école de la République, lieu de l’apprentissage, de la découverte, de la transmission des savoirs, mais lieu aussi où se forgent le libre arbitre et la citoyenneté.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 17 août 2020)