La crise sanitaire du coronavirus a incontestablement bousculé nos habitudes alimentaires et donc nos habitudes d’achats, pendant et après le confinement, et s’est traduite par une hausse des prix des fruits et légumes comme l’a constaté l’association Familles rurales dans son 14e Observatoire annuel. Aux difficultés habituelles dont souffrent les maraîchers – concurrence étrangère, marges de la grande distribution, aléas climatiques – l’épidémie du coronavirus a ajouté de nouvelles contraintes qui, au final, se sont répercutées sur les prix que paient les Français. Par exemple, les nouvelles précautions sanitaires mises en place par les agriculteurs (masques, gel hydroalcoolique, respect de la distanciation physique) ont directement pesé sur le temps de récolte et donc les coûts de production. Et sur les étals, l’absence de produits étrangers moins chers, en raison de la fermeture des frontières, a aussi pesé sur le porte-monnaie des Français, dont un quart ne pourrait plus suivre la saine recommandation "cinq fruits et légumes par jour."
Et pourtant, cette difficile période a permis d’entrevoir des perspectives intéressantes pour l’avenir. Les Français ont ainsi mesuré que les produits français, conventionnels ou biologiques, sont certes plus chers, mais souvent plus goûteux que les produits importés. Ils ont aussi mesuré l’importance des circuits courts : non seulement le temps de transport réduit est bénéfique pour l’environnement, mais l’approvisionnement au plus près permet aussi de soutenir les agriculteurs, les maraîchers, nos voisins, et donc de soutenir l’économie locale.
En Occitanie, seconde région agricole de France, on n’a pas attendu le Covid-19 pour travailler sur ces sujets. Entre le salon Regal, la marque Sud de France portés par la Région, ou les initiatives des différents labels, cela fait plusieurs années que se bâtit le concept de "locavores", produire et consommer local. À l’heure où le pays va vivre le choc socio-économique de la pandémie, voilà un atout précieux pour nous adapter à la nouvelle donne. A condition aussi que les prix soient contenus pour que le plus grand nombre – et donc les plus modestes – puisse acheter les fruits et légumes d’ici…
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 14 août 2020)