Accéder au contenu principal

Des moustiques et des hommes

 

moustique


Chaque été de plus en plus de Français retrouvent un compagnon dont ils se passeraient bien : le moustique tigre. Très agressif à l’aube ou au crépuscule, il se développe à vitesse grand V, particulièrement dans les zones habitées où les femelles trouvent nourriture, eaux stagnantes et végétation pour s’abriter. Découvert en 1894 en Inde, ce moustique plus petit mais plus coriace que ceux que nous subissions, connaît une expansion mondiale depuis la fin des années 70 en raison de son impressionnante capacité d’adaptation à tous les environnements. Aujourd’hui, il est présent sur la moitié de la France et contraint les collectivités à mener des campagnes d’information, parfois de démoustication et les populations à se prémunir tant bien que mal avec des pièges efficaces mais onéreux.

Très pénible chez nous, le moustique tigre apparaît surtout comme une calamité dans le reste du monde, vecteur de maladie comme le chikungunya, la dengue, le virus Zika ou encore la fièvre jaune. Ce minuscule insecte – et ses autres cousins – est bien le plus grand prédateur de l’homme, causant entre 800000 et 2 millions de décès par an.

La mobilisation face à un tel fléau reste sans doute insuffisante mais elle avance grâce à l’inventivité et la pugnacité de scientifiques comme ceux du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) basé à Montpellier. Il y a deux ans, au Brésil très touché par le moustique tigre, ils ont imaginé lâcher par drone et de façon très précise des moustiques mâles stériles pour faire baisser la population. Une étude publiée en juin dans Science Robotics montre l’efficacité de cette méthode 20 fois moins coûteuse que des lâchers terrestres et surtout respectueuse de l’environnement et des autres insectes. Le Cirad, qui planche désormais sur la commercialisation de drones plus petits, montre que dans la bataille entre les hommes et les moustiques, rien n’est perdu pour les premiers…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 23 août 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

Moine-soldat

Dans le marathon de l’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, le calendrier a marqué une pause ce jeudi à l’occasion de la niche parlementaire du Parti socialiste. Une pause mise à profit par le gouvernement pour aller sur le terrain défendre une réforme toujours massivement rejetée par 7 Français sur 10. À l’avant-veille de la quatrième journée de manifestation appelée par l’intersyndicale, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin se sont ainsi rendus hier à Neuville-en-Ferrain, dans le Nord, Olivier Dussopt à Toulouse, où il a notamment rencontré six lecteurs de La Dépêche du Midi au siège de notre journal pour répondre à leurs questions et leurs inquiétudes. Celui qui enchaîne à un rythme soutenu les interviews dans les matinales et défend depuis lundi son texte devant une Assemblée nationale survoltée s’est montré tel qu’en lui-même : un moine-soldat de la macronie. Moine, parce que le ministre connaît sur le bout des doigts le catéchisme de la réforme, son dogme du r

L'indécence et la dignité

C’est sans doute parce qu’elle avait le souriant visage de l’enfance, cheveux blonds et yeux bleus, parce qu’elle aurait pu être notre fille ou notre nièce, notre petite sœur ou notre cousine, une camarade ou la petite voisine. C’est pour toutes ces raisons que le meurtre barbare de la petite Lola a ému à ce point la France. Voir le destin tragique de cette bientôt adolescente qui avait la vie devant elle basculer à 12 ans dans l’horreur inimaginable d’un crime gratuit a soulevé le cœur de chacune et chacun d’entre nous. Et nous avons tous pensé à ses parents, à sa famille, à ses proches, à ses camarades de classe, à leur incommensurable douleur que notre solidarité bienveillante réconfortera mais n’éteindra pas. Tous ? Non, hélas. Dans les heures qui ont suivi le drame, certains ont instrumentalisé de façon odieuse la mort de cette enfant pour une basse récupération politique au prétexte que la suspecte du meurtre était de nationalité étrangère et visée par une obligation de quitter l

Bien manger

C’est un petit logo qui nous est devenu familier lorsque nous faisons nos courses. Impulsé par un règlement européen (INCO) de 2014, établissant des règles pour informer les consommateurs sur la déclaration nutritionnelle ou la liste des ingrédients d’un produit, le Nutri-Score, ses cinq lettres de A à E et ses cinq couleurs de vert à rouge, est désormais bien ancré dans le paysage. De plus en plus présent sur le devant des emballages, on peut même dire que c’est un succès européen puisqu’il est présent non seulement en France, qui l’a introduit en 2017, mais également en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Espagne et même en Suisse, qui ne fait pourtant pas partie de l’Union européenne. Face à des étiquettes qui livrent la composition des produits écrite en tout petits caractères difficilement lisibles, certains consommateurs s’étaient déjà tournés vers des applications comme Yuka. Avec un smartphone, il suffit alors de scanner le code-barres d’un produit pour en a