Accéder au contenu principal

Du déni aux défis

virus

"L’histoire est un perpétuel recommencement" : cette affirmation attribuée à l’historien et stratège grec Thucydide peut laisser penser qu’à l’avenir nous connaîtrons vraisemblablement d’autres crises sanitaires d’ampleur mondiale que celle du coronavirus 2019-nCoV. Pour autant, l’appréhension de ces crises a évolué et se fait désormais de plus en plus précise, la réaction de plus en plus forte, la recherche d’un vaccin de plus en plus rapide. Tout simplement parce que dans un monde globalisé, l’exigence légitime de transparence réclamée par les populations devient la norme face au déni et son cortège de rumeurs.

Depuis la crise du Sras il y a 17 ans, la Chine a ainsi incontestablement progressé. En 2002, l’Empire du milieu, qui fait de toute épidémie un secret d’Etat, s’était muré dans le déni et avait longtemps dissimulé l’ampleur de la contamination, déclenchant ainsi un préjudiciable retard de près de trois mois dans la recherche mondiale d’un traitement. Cette fois, les choses sont allées beaucoup plus vite, même si la pesanteur bureaucratique d’un régime autoritaire et pyramidal a fait que les autorités locales – pour ne pas déplaire – ont attendu le feu vert des autorités supérieures pour communiquer. Quitte à faire arrêter ceux qui voulaient informer du danger la population et quitte à laisser voyager des habitants contaminés… Ces atermoiements ont de fait laissé place à toutes les rumeurs et à des débats sur le mensonge d’Etat au point que sur les réseaux sociaux, pourtant soumis à une implacable censure, certains ont fait des rapprochements avec la situation vécue en 1986 à Tchernobyl.

Xi Jinping a bien compris cela et est désormais en première ligne. "L’épidémie est un démon. Nous ne permettrons pas au démon de rester caché", a promis le président chinois à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui, en retour, a estimé que "le gouvernement chinois a fait preuve d’ouverture, de transparence et de responsabilité afin de diffuser dans les plus brefs délais les informations sur l’épidémie." La crise sanitaire recèle aussi des dimensions diplomatiques…

Le déni derrière eux, la Chine et le monde doivent désormais relever les défis du coronavirus. Défi immédiat en sécurisant les zones contaminées via de colossales – et controversées – mise en quarantaine de millions de Chinois, défi du rapatriement des ressortissants étrangers – lui aussi controversé – dans lequel la France va s’impliquer, et, surtout, défi scientifique afin de trouver rapidement un vaccin.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 29 janvier 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

Se préparer

Voilà un type de courbe que l’on n’avait pas vu depuis longtemps concernant le Covid-19 : une hausse, celle du nouveau variant du coronavirus EG.5. Baptisé Eris, ce cousin d’Omicron croît de façon vertigineuse dans le séquençage de cas positifs au Covid-19 en France comme dans d’autres pays. Beaucoup plus contagieux que ses prédécesseurs, Eris pourrait ainsi s’imposer et devenir majoritaire. Au point de relancer une pandémie mondiale que nous pensions derrière nous ? Nous n’en sommes évidemment pas là, mais l’apparition de ce nouveau variant, tout comme la possibilité de voir survenir des clusters de contamination comme cela vient de se produire aux fêtes de Bayonne, nous interroge légitimement. Même si la couverture vaccinale est bonne en France, la crainte de devoir revivre les conséquences sanitaires et socio-économiques d’un retour de la pandémie est bien dans les esprits. Peut-être aurions-nous dû écouter plus attentivement les spécialistes comme le directeur général de l’Organisa

Entaché

Dix ans après son départ du gouvernement Ayrault, Jérôme Cahuzac, l’ancien ministre du Budget de François Hollande, envisage-t-il son retour en politique ? En tout cas l’intéressé, condamné en appel à deux ans de prison pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, et frappé de cinq années d’inéligibilité, était hier sur le marché de Monsempron-Libos, non loin de Villeneuve-sur-Lot, la ville dont il a été le député et le maire.Fin octobre déjà il participait à une réunion, organisée à huis clos, quelques semaines après le lancement d’une association politique «Les amis de Jérôme Cahuzac». Récemment interrogé par Sud-Ouest pour savoir s’il préparait son retour politique, le septuagénaire, qui avait élu domicile en Corse où il pratiquait la médecine à l’hôpital de Bonifacio, s’est borné à répondre que «tout est une question de circonstances», faisant remarquer qu’ «on fait de la politique pour être élu et agir» et qu’il n’y avait pas d’élections avant 2026, date des prochaines m

Bien manger

C’est un petit logo qui nous est devenu familier lorsque nous faisons nos courses. Impulsé par un règlement européen (INCO) de 2014, établissant des règles pour informer les consommateurs sur la déclaration nutritionnelle ou la liste des ingrédients d’un produit, le Nutri-Score, ses cinq lettres de A à E et ses cinq couleurs de vert à rouge, est désormais bien ancré dans le paysage. De plus en plus présent sur le devant des emballages, on peut même dire que c’est un succès européen puisqu’il est présent non seulement en France, qui l’a introduit en 2017, mais également en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Espagne et même en Suisse, qui ne fait pourtant pas partie de l’Union européenne. Face à des étiquettes qui livrent la composition des produits écrite en tout petits caractères difficilement lisibles, certains consommateurs s’étaient déjà tournés vers des applications comme Yuka. Avec un smartphone, il suffit alors de scanner le code-barres d’un produit pour en a