Une grande majorité de Français est sans doute en mesure de raconter une mauvaise expérience vécue avec un artisan – certains en ont même fait des livres comme le prix Goncourt Jean-Paul Dubois avec son savoureux "Vous plaisantez M. Tanner". Un devis où des prestations connexes ont été "oubliées", un montant final à payer qui a subitement gonflé, mais aussi des prestations qui ne sont pas à la hauteur et qui imposeront plus tard de refaire ce qui a été mal fait, etc. Le sentiment de s’être fait arnaquer est d’autant plus fort lorsque l’appel à l’artisan s’est fait dans une situation d’urgence ou de faiblesse : une fuite d’eau qui menace d’importants dégâts un appartement, un accident qui prive l’usage de sa voiture, et bien sûr un problème de serrure qui vous bloque à l’extérieur de votre logement ou vous empêche de bien le fermer… Ces comportements ne sont bien évidemment pas ceux de tous les artisans, mais les agissements de quelques brebis galeuses nuisent à toutes les professions et installent la défiance entre les Français et leurs artisans, serruriers en tête, suivis des garagistes, des plombiers, des chauffagistes, des artisans du bâtiment et des électriciens, à en croire un récent sondage IFOP.
Pour retrouver la confiance, des leviers d’action peuvent être activés. Le premier est sans doute de muscler la réglementation. Un arrêté du 2 mars 1990, révisé en 1999, encadre les pratiques des serruriers mais également de nombreuses autres professions du bâtiment. Et il concerne aussi les professionnels intervenant dans l’équipement de la maison (informatique, antennes télé, alarmes, petit électroménager, etc.). Cet arrêté peut sans doute être mis à jour pour tenir compte des évolutions de la société.
Le second levier est de solliciter les fédérations d’artisans qui sont à même de proposer des entreprises sérieuses, parfaitement référencées, et qui font peut-être moins de publicités tapageuses que des artisans peu scrupuleux.
Enfin le dernier levier est de faire appel à ces nouvelles plateformes numériques qui, jouant le rôle de tiers de confiance, mettent en relation particuliers et artisans sérieux. Une version 2.0 de l’ancestral bouche-à-oreille, qui reste souvent la meilleure façon d’éviter les abus.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 27 janvier 2019)