Accéder au contenu principal

L'amour vachette

vachette


La nostalgie, c’est le bonheur d’être triste" disait Victor Hugo. Mais à la télévision, la nostalgie, c’est surtout l’occasion de réaliser, souvent à moindre coût, de très jolis succès d’audience en revisitant les émissions phares du passé. Et plus particulièrement celles d’un "âge d’or" où Netflix et Youtube n’existaient pas encore et où la télé régnait en maîtresse dans les foyers pour divertir les familles réunies ensemble au salon… Cette télé-nostalgie a même sa propre émission, "Les enfants de la télé", qui se plaît à diffuser et re-re-diffuser les extraits cultes des shows de Maritie et Gilbert Carpentier, de Midi Première ou de Monsieur Cinéma. Pas étonnant dès lors que les producteurs veuillent surfer sur l’effet "vintage" pour ressusciter les émissions cultes des années 70, 80 ou 90. Les exemples ne manquent pas : relancer "Avis de recherche", renouveler "La carte aux trésors", rebooster "Burger Quiz", ranimer "C’est mon choix"… N’en jetez plus. Certaines renouent avec leurs succès d’audimat d’antan, d’autres font un petit tour et puis s’en vont.

Mais ces nouvelles versions doivent parfois être maniées avec précaution. La future édition d’"Intervilles", dont Nagui a annoncé mi-décembre le retour cette année, après 11 ans d’absence, avec le groupe Banijay à la manœuvre, pourrait l’apprendre à ses dépens. Car "Intervilles" n’est pas une émission comme les autres. Elle fait quasiment partie du patrimoine télévisuel français pour ne pas dire du patrimoine tout court. Lancée en 1962 par Guy Lux, cette émission bon enfant qui oppose deux villes ou villages dans de multiples jeux mêlant "la tête et les jambes" a toujours maintenu au fil des ans une épreuve-reine : celle des vachettes, inspirée des courses landaises. Une épreuve qui ne devrait pas être au programme des jeux cette année, le producteur Nagui, ardent défenseur de la cause et du bien-être animals, s’y étant semble-t-il opposé. "Il n’y aura plus de vachettes !" a d’ailleurs confirmé Olivier Minne qui présentera l’émission avec Valérie Bègue et Bruno Guillon.

Il n’en fallait pas plus pour déclencher la colère des aficionados d’"Intervilles", dans les Landes comme dans le Gers. Sur l’air du "Ce n’est plus Intervilles s’il n’y a plus de vachettes", les groupes Facebook, les tribunes et pétitions se sont multipliés pour dénoncer cet "Intervilles" aseptisé, passé au tamis du débat sur la condition animale comme si une course landaise – dont la tradition est ancrée de longue date dans le Sud-Ouest – était du même registre que les animaux de cirque en souffrance ou la corrida… Pour l’heure, Nagui s’est contenté d’un mystérieux "la vachette oui, les animaux non." Tout n’est donc pas perdu…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 17 janvier 2019)

Posts les plus consultés de ce blog

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

Le prix de la sécurité

C’est l’une des professions les plus admirées et respectées des Français, celle que veulent exercer les petits garçons et aussi les petites filles quand ils seront grands, celle qui incarne au plus haut point le sens de l’intérêt général. Les pompiers, puisque c’est d’eux dont il s’agit, peuvent évidemment se réjouir de bénéficier d’une telle image positive dans l’opinion. Celle-ci les conforte et les porte au quotidien mais si elle est nécessaire, elle n’est plus suffisante pour faire face aux difficultés qu’ils rencontrent au quotidien, opérationnelles, humaines et financières. Opérationnelle d’abord car leurs missions ont profondément changé et s’exercent avec plus de contraintes. De l’urgence à intervenir pour sauver des vies – presque 9 opérations sur 10 – on est passé à des interventions qui ne nécessitent parfois même pas de gestes de secours et relèvent bien souvent davantage de la médecine de ville voire des services sociaux. C’est que les pompiers sont devenus l’ultime recour...

Principes et réalité

Seize mois après les manifestations historiques des agriculteurs, nées en Occitanie à l’hiver 2024 en dehors des organisations syndicales traditionnelles, voilà la colère paysanne de retour. Ce lundi, à l’appel notamment de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, et après de nombreuses actions ponctuelles ces dernières semaines, les tracteurs seront, en effet, à nouveau dans les rues pour dire l’exaspération des agriculteurs de voir les mesures promises si lentes à se mettre en place et pour rappeler l’urgence à agir aux députés, qui examinent ce lundi à l’Assemblée nationale une proposition de loi clivante lancée par le sénateur LR Laurent Duplomb. Ambitionnant de « lever les contraintes », ce texte, plébiscité par le monde agricole mais qui ulcère les défenseurs de l’environnement et les tenants d’un autre modèle agricole, propose entre autres de faciliter le stockage de l’eau, de simplifier l’extension des élevages, de réintroduire certains pesticides dont un néonicotinoïde qu...