S’il fallait reprendre un vieil adage populaire pour illustrer la situation de l’épidémie de Covid-19 en France, ce serait celui qui dit qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué… Car la tentation est grande chez certains – des restaurateurs au monde de la culture – de vouloir alléger les mesures de restrictions sanitaires comme certains pays voisins l’ont fait, puisque les chiffres de la situation épidémique en France n’affichent pas de flambée mais une relative stabilité, le fameux « plateau haut. »
Mais cette accalmie, qui redonne un peu d’espoir et justifie a posteriori le pari d’Emmanuel Macron de ne pas avoir décidé un troisième confinement, pourrait n’être qu’en trompe-l’œil. D’une part, la situation épidémique reste préoccupante avec la persistance de fortes tensions des services hospitaliers dans les régions de l’Est, avec aussi quelque 18 000 contaminations et près de 300 décès par jour. Ce n’est pas rien… Et d’autre part, la France reste sous la menace des très contagieux variants du coronavirus, anglais, sud-africain ou brésilien, dont la propagation pourrait être plus importante que prévue.
La perspective d’une troisième vague épidémique, redoutée par de nombreux épidémiologiste et qui avait d’ailleurs été modélisée dès mai 2020 par des chercheurs de l’université américaine du Minnesota, est donc toujours bel et bien présente, telle une épée de Damoclès au-dessus de nos vies.
Dès lors, à défaut de mettre en place une stratégie « zéro Covid » qui imposerait des mesures très (trop) strictes, le « plateau haut » français nous oblige à une vigilance haute. Une vigilance qui passe par le statu quo pour les mesures déjà en vigueur comme le couvre-feu à 18 heures et le respect de gestes barrière devenus notre quotidien depuis un an… En attendant que la vaccination fasse effet, il faut donc encore tenir pour espérer retrouver la vie d’avant et rester solidaires avec ceux d’entre nous qui sont les plus affectés par la crise. Un Français sur cinq pense, en effet, qu’il ne retrouvera jamais une vie normale. À côté du défi sanitaire, c’est bien cet immense défi humain de résilience auquel il faut nous préparer.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 19 février 2021)