Cela fait bien longtemps qu’il n’a plus la cote, détrôné dans le cœur des Français par les téléphones mobiles et les smartphones si pratiques avec leurs multiples fonctions, presque relégué dans les livres d’histoire et la mémoire collective, entre le "22 à Asnières" de Fernard Reynaud ou le "Téléphone pleure" de Claude François. Et pourtant, le téléphone fixe n’a pas dit son dernier mot. S’il disparaît du paysage dans les cabines téléphoniques, il a connu chez les particuliers un retour en grâce à l’occasion des confinements. Derrière le boom des apéros WhatsApp ou des visioconférences Zoom, les Français ont redécouvert leur téléphone fixe et le goût des longues conversations. Pour les aînés d’ailleurs, il constitue un lien toujours important avec la famille et une sécurité vitale en cas d’accident.
Derrière ce regain d’intérêt, peut-être ponctuel, le téléphone fixe s’apprête pourtant à vivre une révolution aussi discrète que le débat sur l’arrivée de la 5G est électrique : la fin du vieillissant réseau cuivre. Annoncée en 2016, sa disparition progressive commencera en 2023 et s’échelonnera jusqu’en 2030. À cet horizon-là, le cuivre qui véhicule la voix mais aussi l’internet par ADSL laissera la place à la fibre, ce réseau ultra-rapide. Les téléphones fixes existeront cependant toujours, mais la voix transitera en numérique comme n’importe quelle donnée informatique et non plus en analogique.
En attendant cette nouvelle ère, Orange, l’opérateur historique qui gère non sans difficulté l’antique réseau cuivre, doit maintenir le service pour les quelque 5 à 6 millions de Français qui ne veulent que le téléphone. Il convient que les pouvoirs publics soient attentifs à ce que ces derniers, souvent des seniors peu au fait des dernières technologies, puissent continuer à bénéficier d’un accès au téléphone fixe fiable et à un coût similaire à celui en vigueur actuellement. Cela participe aussi de la solidarité et de la lutte contre la fracture numérique.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 8 février 2021)