Le double coup de semonce – scientifique et juridique – sur le front du climat suffira-t-il à engager enfin les actions promises mais toujours retardées ou amoindries ?
Lundi, la vaste étude de Météo-France bâtie sur différents scénarios de hausse des émissions de gaz à effet de serre nous a montrés combien le réchauffement climatique pouvait, d’ici la fin du siècle, bouleverser le climat en France et donc notre vie quotidienne. Sans actions fortes maintenant, c’est un avenir sinon apocalyptique du moins infernal qui nous attend quant aux phénomènes dont nous avons à peine entr’aperçu les conséquences ces dernières années, particulièrement dans notre région qui se trouve en première ligne. La hausse des températures va s’accompagner de la hausse en nombre et/ou en intensité d’épisodes de canicule, de sécheresse, de nuits tropicales ; la neige et le gel ne seront plus que des souvenir ; et des phénomènes ponctuels de pluies extrêmes seront aussi de mise. D’ici quelques décennies, le climat de Toulouse sera équivalent à celui d’Alger avec toutes les conséquences que cela entraîne pour l’agriculture, la viticulture, le tourisme, l’urbanisme, mais aussi la santé et tout simplement notre vie quotidienne.
Hier, le deuxième coup de semonce est venu du tribunal administratif de Paris. Saisie par le collectif d’associations l’Affaire du siècle, soutenu par 2,3 millions de Français, la justice a reconnu pour la première fois que l’Etat a commis une « faute » en se montrant incapable de tenir ses engagements : diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990 et atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Une sévère piqûre de rappel pour l’exécutif et Emmanuel Macron alors que le projet de loi issu des propositions de la Convention citoyenne pour le climat paraît insuffisamment ambitieux.
L’espoir né en 2015 de l’accord de Paris sur le climat tarde plus que jamais à se concrétiser, en France comme chez les autres pays signataires. À l’heure où le monde est mobilisé pour venir à bout de l’épidémie de Covid-19, il serait inconscient de se détourner de la lutte contre le réchauffement climatique, ce dernier ayant des conséquences à long terme qui seront – on le sait – bien plus dramatiques.
Pour contenir la hausse des températures il reste sans doute encore une chance, un espoir de sursaut comme celui que vient d’impulser Joe Biden en faisant revenir les Etats-Unis dans l’accord de Paris et en nommant un Monsieur Climat. Pour gagner cette bataille, les Etats doivent clairement et sérieusement s’engager, ensemble comme en 2015, pour obtenir des résultats et l’adhésion, équitable, des populations qui ne sauraient être les seules à supporter tous les efforts.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 4 février 2021)