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L'autre virus



pirate

Les deux cyberattaques qui viennent de frapper coup sur coup deux hôpitaux français en pleine pandémie de Covid-19, paralysant complètement la quasi-totalité de leurs services sans heureusement faire de victimes, illustrent la grande vulnérabilité des institutions publiques. Car depuis plusieurs années, les pirates informatiques ne s’en prennent plus seulement aux entreprises mais ils visent désormais des institutions publiques, dont beaucoup ne sont pas suffisamment sécurisées pour contrer de telles attaques. Et surtout, les pirates disposent depuis ces dernières années d’un outil aussi simple que redoutable : le rançongiciel (ou ransomware), un virus informatique qui bloque et chiffre les données d’un ordinateur. Seul le paiement d’une rançon aux pirates permet aux victimes d’obtenir en échange la clé permettant de les déchiffrer – sans préjuger d’une nouvelle attaque ou de la vente frauduleuse des données…

En mai 2017, le virus WannaCry a ainsi été utilisé au cours d’une cyberattaque mondiale qui avait infecté plus de 300 000 ordinateurs dans plus de 150 pays. Depuis, le phénomène n’a cessé de prendre de l’ampleur. D’un côté les pirates se sont "professionnalisés" avec des plateformes de rançongiciels, utilisées par des centaines de malfrats, qui constituent de vrais réseaux criminels, agissant parfois pour le compte de certains Etats. De l’autre, de plus en plus d’organismes se retrouvent ciblés et déstabilisés. En 2020, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a ainsi noté une augmentation de 255 % des signalements d’attaque par rançongiciel faits par des services de l’Etat, des administrations, et des opérateurs d’importance vitale (OIV)…

Face aux virus informatiques, il convient, comme pour le coronavirus, de mettre en place désormais rapidement des gestes barrière numériques… au premier rang desquels l’acquisition d’une véritable culture numérique en entreprise, dans les administrations comme dans la population. Si former les employés reste la meilleure façon de se protéger contre les cyberattaques, car le point faible de la sécurité réside souvent dans des vulnérabilités humaines exploitées par les pirates, il convient aussi d’investir dans des solutions de sécurité et de sauvegarde pour parer à ces attaques dont on met parfois longtemps à se relever. Dès lors, il est heureux que le plan de relance consacre des fonds en faveur de la cybersécurité, notamment 136 millions d’euros pour les collectivités. Mais face aux piratages dans une société de plus en plus numérisée, la cybersécurité doit devenir l’affaire de tous.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 17 février 2021)

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