Accéder au contenu principal

Rassurer

 

vaccin

La campagne de vaccination contre le Covid-19 révèle – comme avant elle la question des masques, des tests ou du traçage des cas contacts – des faiblesses et des failles d’organisation, parfois des dysfonctionnements voire des erreurs d’anticipation qui ne sont pas toutes imputables au gouvernement. Les aléas de la campagne vaccinale française se retrouvent d’ailleurs dans d’autres pays européens : si la France est à la traîne avec seulement 3,27 % de sa population ayant reçu une première injection, l’Allemagne n’est qu’à 4,02 %, l’Italie à 4,46 %, et l’Espagne 4,64 %. Très loin, donc, des 67,38 % affichés par Israël.

La présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen, qui a négocié au nom des 27 Etats membres le nombre de doses de vaccins auprès de plusieurs laboratoires, l’a d’ailleurs admis mercredi : l’Union a non seulement tardé à conclure ces contrats mais a aussi sous-estimé « les difficultés liées à la production de masse des vaccins », ce qui à terme posera la question de la souveraineté industrielle de l’Europe dans le secteur de la santé.

En attendant, faute de disposer de suffisamment de doses, le gouvernement se trouve face à une campagne au ralenti, dont les disparités entre territoires inquiètent les Français. 68 % d’entre eux se montrent ainsi sceptiques devant la capacité de l’État à vacciner tous les Français d’ici la fin de l’été, comme promis par Emmanuel Macron. Après avoir réussi à convaincre une majorité de Français de se faire vacciner – ce n’était pas gagné, la France était le pays d’Europe le plus défiant face au vaccin en début d’année – l’exécutif doit maintenant rassurer : sur le nombre de doses qui va augmenter avec l’arrivée prochaine de nouveaux vaccins, et sur la capacité de l’Etat à dominer son labyrinthe administratif pour réaliser la vaccination de masse, qui reste la seule solution pour sortir de l’épidémie.

Mais le gouvernement doit rassurer aussi sur le contrôle de la situation épidémique. Avec près de 20 000 cas positifs par jour et 300 décès, l’épidémie est toujours bien là, qui plus est sous la menace des variants du coronavirus. Comme il l’avait fait en mai 2020 en décidant de rouvrir les écoles contre l’avis des scientifiques, Emmanuel Macron a refusé un éprouvant troisième confinement après avoir tenu le pays en haleine. Un choix politique en forme de pari, plus mûrement réfléchi qu’il n’y paraît et qui, pour l’heure, semble tenir la route. Sans tomber dans la « positive attitude », entre des vaccins qui vont arriver et une épidémie qui ne flambe pas, on peut espérer voir le bout du tunnel.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 12 février 2021)

Posts les plus consultés de ce blog

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Principes et réalité

Seize mois après les manifestations historiques des agriculteurs, nées en Occitanie à l’hiver 2024 en dehors des organisations syndicales traditionnelles, voilà la colère paysanne de retour. Ce lundi, à l’appel notamment de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, et après de nombreuses actions ponctuelles ces dernières semaines, les tracteurs seront, en effet, à nouveau dans les rues pour dire l’exaspération des agriculteurs de voir les mesures promises si lentes à se mettre en place et pour rappeler l’urgence à agir aux députés, qui examinent ce lundi à l’Assemblée nationale une proposition de loi clivante lancée par le sénateur LR Laurent Duplomb. Ambitionnant de « lever les contraintes », ce texte, plébiscité par le monde agricole mais qui ulcère les défenseurs de l’environnement et les tenants d’un autre modèle agricole, propose entre autres de faciliter le stockage de l’eau, de simplifier l’extension des élevages, de réintroduire certains pesticides dont un néonicotinoïde qu...