Accéder au contenu principal

La force du symbole

 

ecole

Depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19, l’école est une question centrale dans la gestion de l’épidémie, car vers elle convergent des dimensions sanitaires, éducatives, socio-économiques et politiques.

Dimension sanitaire en premier lieu, naturellement. Depuis mars 2020, les contaminations des élèves dans les écoles ont fait l’objet de nombreuses études, aussi contradictoires au fil du temps que l’on perçait peu à peu les mystères du coronavirus SARS-CoV-2. Entre ces incertitudes et ces études, le gouvernement a dû tâtonner pour bâtir puis renforcer sans cesse des protocoles sanitaires dont l’efficacité a légitimement été questionnée par les parents et les enseignants. Le dernier protocole en date censé freiner la progression des variants, en vigueur depuis le 1er février, n’échappe pas à ces inquiétudes croissantes.

Aspect éducatif ensuite. Le premier confinement a imposé à l’école une réorganisation rapide et complète en distanciel à laquelle elle n’était pas préparée. "L’école à la maison" n’a tenu qu’avec la créativité et l’implication sans faille des enseignants pour maintenir le lien avec leurs élèves ; et parallèlement la mobilisation des parents qui se sont transformés en maîtres pour leurs enfants. Cette opération, qui était nécessaire, a constitué aussi un amplificateur des inégalités scolaires – qui étaient déjà là avant. La catégorie sociale et le niveau d’études des parents, l’environnement du foyer familial, la difficulté ou la facilité dans la maîtrise des outils numériques ont approfondi les inégalités entre élèves que l’école tente toujours de corriger. 4 % des élèves – soit 500 000 enfants – étaient ainsi passés "sous le radar" durant le premier confinement.

Enfin, la fermeture des écoles a impacté la vie socio-économique du pays. L’école n’est certes pas une garderie, mais elle s’insère dans une vie quotidienne où les enfants apprennent pendant que leurs parents, pour la majorité d’entre eux, travaillent.

C’est pour toutes ces raisons qu’Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer ont fait et font tout pour que l’école fonctionne le plus longtemps possible et ne soit pas fermée, contrairement à ce que font d’autres pays en ce moment. Préserver le lien pédagogique présentiel, maintenir les écoles ouvertes le plus possible en les encadrant de protocoles sanitaires toujours plus stricts ; et à la rentrée, mobiliser des tests salivaires pour mieux détecter les cas positifs. Il y a là un choix politique assumé, qui recueille d’ailleurs un consensus chez les Français. Un choix qui renvoie à la force symbolique de l’école républicaine qui forme les citoyens de demain. Un choix dans lequel se dessine, aussi, l’idée de dire que si l’école tient, le pays tiendra.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 11 février 2021).

Posts les plus consultés de ce blog

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Machine à cash et à rêves

Qui n’a jamais rêvé d’être un jour le gagnant du loto, que l’on soit celui qui joue depuis des années les mêmes numéros en espérant qu’un jour ils constituent enfin la bonne combinaison ou que l’on soit même celui qui ne joue jamais mais qui se projette malgré tout dans la peau d’un gagnant, énumérant ce qu’il ferait avec ces centaines de millions d’euros qui grossiraient son compte en banque. Chacun se prend ainsi à rêver de vacances éternelles au soleil, de voyages au long cours, de montres de bijoux ou de voitures de luxe, de yachts XXL naviguant sur des mers turquoise, de grands restaurants étoilés ou plus simplement de réaliser ses projets longtemps différés faute de financements, de l’achat de sa maison au lancement de son entreprise, ou encore de partager ses gains avec sa famille ou avec ses collègues avec lesquels on a cotisé pour acheter le bulletin. Le loto, c’est une machine à rêver à laquelle chacun s’est adonné une fois dans sa vie et qui rythme toujours le quotidien des ...

Facteur humain

  Dans la longue liste de crashs aériens qui ont marqué l’histoire de l’aviation mondiale, celui de l’Airbus A320 de la Germanwings, survenu le 24 mars 2015, se distingue particulièrement. Car si le vol 9525, reliant Barcelone à Düsseldorf, a percuté les Alpes françaises, entraînant la mort de 150 personnes, ce n’est pas en raison d’une défaillance technique de l’appareil ou d’un événement extérieur qui aurait impacté l’avion, mais c’est à cause de la volonté du copilote de mettre fin à ses jours. L’enquête, en effet, a rapidement révélé que celui-ci, souffrant de problèmes de santé mentale non décelés par les procédures en vigueur, avait volontairement verrouillé la porte du cockpit, empêchant ainsi le commandant de bord de reprendre le contrôle de l’appareil. Ainsi, ce crash singulier touche au point le plus sensible qui soit : la confiance des passagers dans les pilotes à qui ils confient leur vie. C’est pour cela que cette tragédie a eu un tel impact sur l’opinion publique et a...