C’était pourtant hier, c’était il y a moins d’un an, mais autant dire un siècle sur l’horloge de cette interminable épidémie de Covid-19. Depuis leurs fenêtres ou balcons, sur le pas de leur porte ou sur leur terrasse des millions de Français confinés applaudissaient chaque soir à 20 heures les personnels soignants pour leur dévouement, leur abnégation et leur courage face à cette maladie qui submergeait leurs services.
Ces médecins, infirmières et aides-soignantes, dans les hôpitaux mais aussi dans les Ehpads, parfois confrontés au manque criant de matériels – pas assez de masques, pas assez de surblouses – et de personnels, ne comptaient pas leurs heures pour soigner, soulager et accompagner aussi des patients isolés jusqu’à la mort. C’est peu dire que la Nation a une dette morale envers eux, un devoir de reconnaissance qui devra dépasser la remise d’une simple médaille… Et puis le temps a passé, le déconfinement est arrivé, puis un reconfinement est survenu à l’automne qui n’avait plus la même intensité que le premier. Les Français n’ont pas rouvert leurs fenêtres. Les bravos ont été oubliés…
Mais le travail des soignants est resté le même, même s’ils connaissent mieux la maladie. La perspective d’une troisième vague replonge beaucoup d’entre eux dans l’angoisse de revivre les journées épuisantes pour faire face à l’afflux des malades. Dans les services de réanimation dont certains sont proches de la saturation, la fatigue et le découragement guettent les soignants qui sont aussi des pères et des mères, des maris et des épouses, des frères et des sœurs, des fils et des filles…
Beaucoup d’entre eux – qui ne vont pas sur les plateaux télé – témoignent de leur inquiétude, de leur désarroi parfois et aussi de leur incompréhension face au relâchement des gestes barrières. À défaut d’applaudissements, par respect pour leur travail, chacun devrait surmonter sa lassitude de l’épidémie et se dire que les restrictions qui nous pèsent sont aussi là pour soulager ceux qui, depuis un an, sont en première ligne. Pour nous.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 5 février 2021)