La pollution à l'arsenic de la vallée de l'Orbiel consécutive aux violentes inondations historiques qui ont frappé l'Aude en octobre dernier et dont La Dépêche avait révélé au mois de novembre des taux jusqu'à 1 000 fois supérieurs à la norme, est bien loin d'être terminée. Elle connaît un nouvel épisode glaçant qui appelle, plus que jamais, une réponse des pouvoirs publics.
Les habitants, déjà confrontés aux conséquences d'inondations qui ont profondément bouleversé leur vie en ravageant maisons ou entreprises, doivent faire face à cette pollution venue notamment de l'ancienne mine d'or de Salsigne ; pollution qui était jusqu'alors enfouie dans des collines artificielles depuis l'arrêt de l'exploitation en 2014. Car la contamination de certaines parcelles de terre et de cours d'eau par l'arsenic après les crues a un impact sur la santé de certains riverains et notamment celle des plus fragiles : les enfants. Des analyses des urines d'une trentaine d'entre eux viennent de montrer que 18 avaient plus de 10 microgrammes d'arsenic par gramme de créatinine, seuil de référence fixé par l'Agence régionale de santé (ARS). Cette dernière a beau assurer que ces doses « ne sont pas dangereuses » et que « les chances (sic) d'être contaminé à l'arsenic sont infimes », elle n'est pas parvenue à rassurer les parents qui réclament la fermeture de l'école élémentaire d'Orbiel, submergée lors des inondations d'octobre, ni à convaincre certains scientifiques qui se montrent beaucoup plus réservés….
Cette affaire fait, en tout cas, comme un écho à une autre contamination : celle au plomb consécutive à l'incendie de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris. Il aura fallu des révélations de presse et la pression d'inspecteurs du travail préoccupés par les risques de contamination au plomb des ouvriers, pour que la préfecture de la région Île-de-France suspende les travaux de nettoyage de la cathédrale début août et ordonne de nouvelles vérifications dans les écoles et les garderies du quartier.
Les deux affaires sont certes différentes mais laissent la même désagréable impression que les autorités ont cherché à dissimuler par omission certains faits gênants pour ne pas paniquer plus que de raison les populations concernées. Sauf qu'à l'heure où les fake news circulent à vitesse grand V sur les réseaux sociaux, et où les faits, et notamment les faits scientifiques, sont de plus en plus contestés en étant considéré comme des opinions parmi d'autres, une exigence de vérité et de transparence totale doit s'imposer aux pouvoirs publics, particulièrement lorsque la santé des Français est en jeu.
Dans les deux affaires, force est de constater que cette transparence a été prise en défaut. Il est donc urgent de rectifier le tir en assurant une information aussi rigoureuse que complète aux populations et en prenant le cas échéant les mesures de protection qui s'imposent.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 6 août 2019)